Jacques Charette, la reconversion espérée

Jacques Charette est de tous les événements francophones. Souriant et avenant, il connaît tout un chacun ou presque dans la communauté. Ses soupers et mercredis francofun font l’unanimité et restent des rendez-vous périodiques majeurs de la francophonie. Qui veut rencontrer des francophones à Toronto passera par Jacques Charette. Il est aussi, pour beaucoup, le propriétaire du célèbre Condom Shack, sur Queen. Pourtant, loin du visage débordant de gentillesse et de l’homme accompli, se cache un homme affaiblit par les problèmes financiers et qui commence seulement à retrouver la force de se battre.

Il y a 14 ans, Jacques Charette débarquait à Toronto pour ouvrir sa boutique de la rue Queen. «J’avais déjà un magasin dans le Vieux-Montréal, La Capoterie, mais il était ouvert uniquement l’été, explique-t-il. En 1992, j’ai su qu’un local était disponible sur Queen et je suis venu à Toronto. C’était une décision d’affaires.»

Très vite, Jacques Charette cherche à rencontrer d’autres francophones pour tisser des liens dans la Ville-Reine. «Je voulais m’impliquer et j’ai trouvé un petit groupe de fonctionnaires qui se retrouvait une fois par mois. Deux mois plus tard, je mettais sur pied les soupers francofun.»

L’organisateur commence alors doucement à rencontrer les membres d’une communauté dont certains deviendront de véritables amis.

«À cette époque, j’ai mené beaucoup de choses de front: j’étais en situation monoparentale avec un fils de deux ans et demi et je débutais avec ma boutique de Toronto qui était très populaire», souligne Jacques Charette.

Il est alors l’homme à qui tout souri, l’entrepreneur aux réussites multiples. Quelques années après, fort des résultats du Condom Shack dont il est propriétaire, il ouvre un deuxième magasin à Toronto.

Puis, emballé par sa réussite, il crée une compagnie de distribution, Ravish et Lavish. «Elle proposait des condoms et des produits d’aromathérapie aux boutiques canadiennes et aux États-Unis. En 2000, nous avions gagné le 1er prix du kiosque le plus beau au CGTA, le plus grand salon de cadeaux», se souvient fièrement le chef d’entreprise. Quelques années après, suite au succès de Ravish et Lavish, une deuxième entreprise, relativement similaire, est mise sur pied.

Une fois rentré chez lui, l’entrepreneur change de veste et revêt la tenue de l’organisateur apprécié de tous. «Entre 1995 et 1996, les soupers francofun ont été très populaires mais j’ai très vite eu envie de faire quelque chose dans un café et j’ai mis au point les mercredis francofun. Au début, ils se déroulaient au St-Tropez et aujourd’hui le rendez-vous est au Bedford Academy.»

Un succès sans précédent pour un événement hebdomadaire qui répondait à une large demande. Aujourd’hui encore, les mercredis francofun réunissent environ 80 personnes à chaque soirée et les soupers, mensuels, rassemblent entre 50 et 150 personnes.

Pourtant, il y a un an, la roue a tourné pour Jacques Charette. «Les boutiques de condoms étaient une mine d’or mais j’ai fait faillite», explique-t-il. «J’ai fait l’erreur de supporter mes deux entreprises qui perdaient de l’argent avec mes deux boutiques et j’ai vite manqué d’argent.»

À partir des événements du 11 septembre, les États-Unis se sont davantage repliés et les principaux clients des entreprises de Jacques Charette se sont évaporés. «Je n’avais pas les outils pour gérer quatre compagnies tout seul», mentionne-t-il avec regret.

Aujourd’hui, Jacques Charette a tout perdu: sa maison, sa voiture et ses meubles. Il a tout de même gardé plus de 1200 contacts francophones qu’il côtoie régulièrement lors de ses soirées et qui l’ont soutenu pendant ses problèmes. «J’ai été beaucoup entouré par ma sœur, mon beau-frère, mon ami Mo et par les francophones que je connais à travers les soupers et soirées francofun», explique-t-il.

Après la faillite et une année très difficile, Jacques Charette veut redresser la pente et prendre un nouveau départ. «Depuis un an, je ne suis plus propriétaire du Condom Shack. Je cherche une nouvelle carrière, je veux travailler dans la francophonie. J’ai donc fait mon premier cv depuis 26 ans que j’ai envoyé récemment dans trois agences bilingues.»

La francophonie reste sa passion. «Je sais que j’ai quelque chose à donner à une entreprise ou à un organisme francophone ou bilingue. J’ai donné beaucoup de temps et d’énergie à ma passion, celle de la francophonie, et je souhaite travailler dans ce secteur.»

Riche de tous ses contacts, d’un cv bien garni, de son dynamisme et de sa volonté, Jacques Charette espère se reconvertir dans un univers qui lui colle à la peau. Même plongé dans les problèmes financiers, il a assumé cette année son rôle de membre du Conseil d’administration de la FrancoFête, tant la francophonie reste le pilier de son existence. Sa reconversion est attendue par toute une communauté dont il est probablement l’une des clés de voûte.

Prochain souper francofun le 26 octobre au restaurant Jules. Pour tous renseignements, contactez Jacques Charrette au 416-462-8788 ou [email protected]