L’idéologie islamiste était minoritaire à la fin du 19e siècle. Aujourd’hui, les interventions militaires irréfléchies ont permis la dérive de ces mouvements. Qualifiés d’antimodernes, Al Qaïda et Daesh n’auraient jamais dû prendre une si grande place aujourd’hui, si les choses avaient été pondérées.
Tel est la thèse du professeur de relations internationales au Collège des Forces canadiennes de Toronto, Miloud Chennoufi, en conférence au théâtre de l’Alliance française ce 3 mai. Il dirige le département de sécurité et d’études internationales au CFC et est l’auteur de Grandes Puissances et Islamisme aux Éditions El-Ikhtilef.
Islam, islamisme, islamophobie
Pour le professeur Chennoufi, il y a une confusion entre l’Islam, la religion de plus d’un milliard et demi de personnes dans le monde, existant depuis le 14e siècle, et l’islamisme, le mouvement qui renvoie à la religion mais qui en est une interprétation, au même titre que les mouvements fascistes et populistes islamophobes.
«On constate qu’il y a une double radicalisation dans le discours. En effet, chacun des discours nourrit l’autre. Les islamophobes ne font aucune distinction entre les musulmans et les islamistes, et ainsi les islamistes perpétuent la confusion entre musulmans et islamistes.»
Les conflits actuels au Moyen-Orient remontent à la Première Guerre mondiale et aux empires britannique et ottoman. Les idées islamistes antimodernes naissent dans des entités arabes telles que la tribu des Saouds, puriste et misogyne, que l’Empire britannique enrôle dans les régions qu’il contrôle au Moyen-Orient.