Intraduisibles

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Publié 19/08/2014 par Martin Francoeur

Les traducteurs sont de braves personnages. Constamment, ils doivent trouver les mots justes pour transposer dans une langue des mots, des expressions et des phrases d’une autre langue. Généralement, les ponts entre les langues sont assez faciles à franchir, puisque la plupart des mots de vocabulaire et des verbes ont des équivalents assez justes dans les autres langues. Mais qu’en est-il lorsque ce n’est pas le cas?

Bien sûr, il est souvent possible de traficoter le texte pour exprimer clairement l’idée contenue dans la phrase originale. Mais si on s’en tient aux mots ou aux expressions pris isolément, il arrive que des concepts n’aient pas d’équivalent dans la langue dans laquelle on souhaite les transposer.

Certains sites web et certains forums de discussion sur Internet se sont mis à répertorier les mots qui sont intraduisibles ou qui n’ont pas encore d’équivalent exact dans d’autres langues.

Babel Oueb

Par exemple, les Allemands utilisent le mot «Waldeinsamkeit» pour décrire le sentiment d’être seul dans les bois.

Les Italiens ont un mot très précis – «cualacino» – pour décrire la marque laissée sur une table par un verre dont le contenu est froid.

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Les Inuits emploient le mot «iktsuarpok» pour décrire le sentiment d’anticipation ou d’attente qui porte quelqu’un à regarder constamment dehors pour voir si quelqu’un vient.

Quand les Japonais parlent de «komorebi», ils décrivent la lumière du soleil qui filtre à travers les arbres.

En russe, un «pochemuchka» est une personne qui pose beaucoup de questions. En espagnol, la «sobremesa» est en fait le temps passé après le lunch ou le dîner à parler avec les personnes avec lesquelles on a partagé le repas.

Les exemples sont tirés du site Babel Oueb.

Dépaysement

Et le français, lui? A-t-il des mots ou des expressions intraduisibles? Assurément.

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L’exemple le plus fréquent, celui qui revient dans de nombreux articles ou forums de discussion, c’est le mot «dépaysement», qui est défini comme étant le changement agréable d’habitudes ou le sentiment d’être loin de nos références (paysages, culture, langue, organisation de la vie en société) quand on se trouve dans un autre pays.

Le site web «Better than English» présente une série de mots qui, plus spécifiquement, semblent intraduisibles en anglais. En français, on dénombre une quarantaine de mots et expressions, recensés par des collaborateurs divers.

Parmi ceux-ci se trouve le mot «postillon», que l’on utilise en français pour parler des gouttelettes de salive projetées en parlant. Les anglophones ne semblent pas avoir de mot pour parler de ces «droplets of spittle that comes out of someone’s mouth as he or she talks».

Aplaventrisme

D’autres exemples? Un «pied-à-terre», au sens d’une résidence secondaire ou d’un appartement servant à un usage occasionnel dans une autre ville, souvent pour des séjours reliés au travail ou aux vacances.

L’«aplaventrisme», qui n’est pas reconnu par tous les dictionnaires usuels, mais qui s’ancre progressivement dans la langue française, n’aurait pas non plus d’équivalent anglais. Le mot se définit comme étant la tendance à être dans un état de soumission ou d’indignité.

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Il semble aussi qu’il n’y ait pas de traduction directe possible pour «retrouvailles», dans son sens plus spécifique s’appliquant aux personnes et au sentiment de joie que cette situation procure.

Les québécismes ne sont pas en reste, puisqu’on n’aurait pas encore trouvé de terme précis pour traduire le mot «poudrerie», défini comme étant la neige fraîchement tombée qui est chassée par le vent, généralement en rafales.

Évidemment, il existe aussi certains cas d’ambiguïté. En anglais, il est impossible de savoir si on parle d’une rivière ou d’un fleuve quand on emploie le mot «river». Et il n’y aurait pas de terme spécifique pour transposer en anglais l’adjectif «frileux» en parlant d’une personne sensible au froid.

Gastronomie

Enfin, les mots intraduisibles les plus évidents sont souvent ceux reliés à une culture spécifique, particulièrement du côté de la gastronomie. En français, des mots comme «bouillabaisse», «cassoulet» ou même «poutine» n’ont pas d’équivalent en anglais.

Mais quand on y pense, ce sont loin d’être les seuls. Ne parle-t-on pas de «ravioli», de «goulash», de «chili con carne», de «sushi» ou de «paella» même en français? L’action la plus simple, au lieu de trouver une traduction, est d’emprunter directement le mot à sa langue d’origine.

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Vous, chers lecteurs, qui êtes francophones ou francophiles dans une mer anglophone, avez-vous des exemples de mots intraduisibles? N’hésitez pas à m’en faire part. Ça pourrait m’inspirer une prochaine chronique…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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