Lorsqu’elle s’adresse à une foule québécoise dans un contexte formel, la Franco-Ontarienne Phyllis Dalley trébuche sur ses mots. Sa profession de professeur et sociolinguiste ne pèse plus dans la balance. Le fossé entre la manière de parler des deux populations francophones l’insécurise.
«Je suis consciente qu’objectivement, mon français n’est pas mauvais», dit la professeure titulaire à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, Phyllis Dalley.
«Je suis inévitablement plus nerveuse. J’ai peur de me faire juger. Au Québec, il y a beaucoup de préjugés comme quoi les gens à l’extérieur de la province parlent mal français. Si je vais en France, c’est encore pire», poursuit-elle. «Je vais jusqu’à changer mon accent.»
Un cas classique d’insécurité linguistique
La situation qu’elle vit est un cas classique d’insécurité linguistique, concept que sa collègue Annette Boudreau explore en détail dans son livre Insécurité linguistique dans la francophonie.
«Je me suis déjà fait corriger en France», se rappelle-t-elle. «Ça se passe plus à l’écrit. On va dire que mon écriture n’est pas élégante.»