Île-du-Prince-Édouard : les Conservateurs ont fait mentir les sondages

12 Conservateurs, 8 Verts, 6 Libéraux pour la plus petite province du pays

Ancien journaliste et néophyte en politique, le chef progressiste-conservateur Dennis King formera le prochain gouvernement à l’Île-du-Prince-Édouard.
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Publié 25/04/2019 par Jean-Pierre Dubé

L’espoir d’innovation politique et électorale a chuté, le 23 avril à l’Île-du-Prince-Édouard, avec le rejet d’une réforme du scrutin et une montée soudaine des Conservateurs aux dépens des Verts (par rapport aux sondages).

Un gouvernement minoritaire sera formé par le chef Dennis King, entraînant une cinquième province de suite vers la droite et pesant contre la réélection à l’automne des libéraux de Justin Trudeau à Ottawa.

Gouvernement minoritaire

Après plus d’une décennie dans l’opposition, et malgré l’élection récente d’un nouveau chef, le Parti progressiste-conservateur a remporté 12 des 27 sièges à la législature de Charlottetown.

Pour la première fois au Canada, l’opposition sera formée par les 8 députés du Parti vert mené par Peter Bevan-Baker. Les libéraux du premier ministre sortant, Wade MacLauchlan, ont élu 6 représentants.

Dans son discours victorieux, l’ancien journaliste Dennis King s’est montré prêt à gouverner pour tous les insulaires et s’est adressé aux francophones. «Je ne parle pas français, mais je veux apprendre. Je veux travailler avec ma communauté.»

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L’édifice de l’Assemblée législative de l’île-du-Prince-Édouard à Charlottetown. (Photo: La Voix acadienne)

Cinq sur cinq

Le prochain premier ministre a reçu les félicitations du chef Andrew Scheer du Parti conservateur du Canada. L’IPÉ est la cinquième province de suite à élire des formations «bleues» depuis les victoires en moins d’un an de Doug Ford (Ontario), Blain Higgs (Nouveau-Brunswick), François Legault (Québec) et Jason Kenney (Alberta).

L’élection porte à sept, en incluant le Manitoba et la Saskatchewan, le nombre de provinces à se doter d’une gouvernance conservatrice. Et une prochaine élection provinciale aura lieu le 16 mai à Terre-Neuve-et-Labrador.

Les premiers ministres de ces gouvernements n’ont pas caché leur intention de combattre l’administration libérale à Ottawa lors du scrutin d’automne.

Une avance verte jusqu’en fin de campagne

Le futur chef de l’opposition officielle a exprimé des sentiments mitigés quant aux résultats. Peter Bevan-Baker regrette la défaite de son parti alors que les sondages lui donnaient une avance jusqu’en fin de campagne. Il a bien sûr été félicité par la cheffe nationale des Verts, Elizabeth May.

«Les 27 candidats, et en particulier Josh Underhay qui, malheureusement, n’est plus parmi nous, méritent les plus sincères remerciements des Verts d’un océan à l’autre.» En effet, un siège demeure vacant à la suite du décès accidentel du candidat à cinq jours du scrutin. Le vote a été annulé dans Charlottetown-Hillsborough Park où une élection partielle aura lieu.

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Le prochain chef de l’opposition à Île-du-Prince-Édouard, Peter Bevan-Baker, a débuté son discours, le 23 avril, avec un hommage à son ami Josh Underhay, décédé lors d’un accident à cinq jours du scrutin.

Référendum sur une réforme électorale

L’autre enjeu de la campagne d’avril était le troisième référendum sur la réforme électorale. Les insulaires ont de nouveau rejeté, cette fois par une mince majorité de 51% des voix, le projet de scrutin proportionnel mixte. Quelque 15 circonscriptions ont voté en faveur du changement, mais l’appui de 17 d’entre elles était nécessaire pour engager le gouvernement.

La réforme pourrait procéder malgré ces résultats, explique le président de Représentation équitable Canada, Réal Lavergne. Il reconnaît que les conditions n’ont pas été réunies pour imposer le changement à la législature, mais rien n’empêche les élus de poursuivre la démarche volontairement.

«Le chef conservateur a voté oui au référendum, c’est également la volonté des Verts, et les Libéraux sont dans une position où ils sont les plus pénalisés par le système actuel. Il revient à la législature de décider de la suite», indique M. Lavergne.

Besoin de consensus

Son organisation entend encourager les partis à poursuivre la réflexion. «Une façon de faire serait de constituer une assemblée citoyenne pour se pencher sur cette question complexe et faire un choix sur une formule qui ferait consensus» avant les prochaines élections provinciales.

Les chantiers prioritaires du groupe demeurent l’IPÉ, les élections fédérales de l’automne et les élections de 2022 en Ontario. Les conditions favorables y seraient réunies, croit-il, étant donné «l’insatisfaction de la majorité de la population» envers le régime actuel.

L’Île du Prince Édouard, relié au Nouveau-Brunswick par le plus long pont au pays.

Auteur

  • Jean-Pierre Dubé

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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