Hot Docs: regards sur le documentaire français

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Publié 02/05/2006 par Yann Buxeda

Avec ses 99 longs métrages en provenance de 22 pays, sélectionnés parmi plus de 1 600 soumissions, Hot Docs est le plus grand festival de cinéma documentaire en Amérique du Nord. Le festival continue jusqu’au 7 mai prochain. Cette année, une section spéciale est consacrée à la France avec pas moins de sept documentaires regroupés dans cette catégorie.

Le Canada n’est pas en reste puisque plusieurs longs métrages se retrouvent dans une section consacrée aux documentaires produits par des réalisateurs à l’échelle du pays.

De plus, une rétrospective dédiée au réalisateur québécois Serge Giguère avec six de ses documentaires, dont Le Roi du Drum et Le Reel du mégaphone, est également proposée dans le cadre du festival. Le Méchant trip d’Ilan Saragosti, Country de Carole Lagagnière, Pas de Pays sans paysans d’Ève Lamont et Le Côté obscur de la dame blanche de Patricio Henriquez.

L’Express a choisi de vous présenter cette semaine quatre longs métrages qui se retrouvent dans la section consacrée aux documentaires canadiens.

Le Méchant trip, d’Ilan Saragosti. Canada, (70 min). Présenté le mercredi 3 mai à 21h 45 au Théâtre Al Green et le vendredi 5 mai à 18h45 à Innis Town Hall. Note: 4/5.

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Le Méchant trip vient générer une réflexion sur l’itinérance vue à travers le regard documentaire. Vingt-cinq pour cent des itinérants de Vancouver viennent du Québec.

L’hiver venu, ils se déplacent vers la côte Ouest espérant y trouver des températures plus clémentes. Certains fuient les centres d’accueil, souvent impopulaires, de la Belle province. Quand le documentariste montréalais Ilan Saragosti est venu s’installer à Vancouver, il entendait des accents québécois d’un bout à l’autre de la rue. Au fur et à mesure, il a commencé à parler à ces sans-abri, à faire des recherches, à trouver un organisme qui s’occupait d’eux.

Son documentaire, Le Méchant trip, produit par le Studio Ontario et Ouest de l’ONF, suit l’itinéraire de deux jeunes marginaux, Mélo et Ti-criss, en route vers Vancouver.

Le réalisateur de 32 ans avait pour ambition de filmer leur quotidien, une existence faite d’incertains et qui renvoie en miroir tous les problèmes liés à la protection de la jeunesse au Québec, le manque de structures adaptées, les centres d’accueil, souvent impopulaires, de la Belle province.

Mais au fur et à mesure, le long métrage d’Ilan Saragosti a dépassé ces questions anthropologiques pour se concentrer sur l’histoire d’amour qui unissait ces jeunes, leur quête de liberté, leur recherche d’une direction dans la vie.

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La caméra capture leurs émotions, leur ras-le-bol de la vie, mais, toujours, fait preuve de beaucoup de respect dans la manière dont elle les suit et s’immisce dans leur univers.

Le côté obscur de la Dame Blanche, de Patricio Henriquez. Canada, (102 min). Présenté le dimanche 7 mai à 16h30 au Innis Town Hall Note: 4,5/5.

Cinéaste chilien installé à Montréal depuis le coup d’État de Pinochet de 1973, Patricio Henriquez est une valeur sûre du documentaire. Plusieurs fois primé pour 11 septembre 1973, le dernier combat de Salvador Allendeou encore Images d’une dictature, il se lance une nouvelle fois à l’assaut du pouvoir chilien, à travers l’investigation de la trouble histoire de l’Esmeralda.

Surnommé aussi la Dame Blanche, ce navire de la marine chilienne s’est vu le lieu de nombreuses tortures en 1973 lors du renversement du pouvoir en place. Une réalité aujourd’hui encore réfutée par les autorités malgré les témoignages accablants, et qui demeure un fleuron de l’armée nationale dans les yeux de nombre de Chiliens.

Diablement documenté et fourmillant de témoignages, Le côté obscur de la Dame Blanche est un véritable parchemin historique. Il propose une vision argumentée d’un point crucial de l’histoire chilienne. Techniquement, la réalisation est discrète mais très soignée et ajoute encore un peu plus de crédibilité au propos. En résumé, difficile de faire l’impasse sur ce nouveau Henriquez, remarquable sur bien des points.

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Country, de Carole Laganière. Canada, (72 min). Présenté le jeudi 4 mai à 13h, au Théâtre Isabel Bader. Note: 2,5/5.

Le sujet est on ne peut plus original pour ce documentaire qui retrace l’aventure estivale d’une communauté québécoise amoureuse de musique country. Quelques notes de musique suffisent pour entrer dans le vif du sujet, où se côtoient rapidement chanteurs, musiciens, danseurs et amateurs de rodéo dans la plus pure tradition du Far West.

Country est une succession de portraits croisés de personnages intimement différents qui se rejoignent tous autour d’une passion. Ensemble, ils parcourent les festivals country de la province francophone tandis qu’au fil des danses se forment de vraies familles.

Le propos de Country est certes rafraîchissant, mais malheureusement, le film ne parvient pas à éviter l’écueil du sentimentalisme surpassant le propos. Trop rapidement, le portrait prend le pas sur l’histoire, et l’on se perd à chercher une chronologie aux événements. Un défaut d’autant plus dommageable que techniquement, le document est irréprochable.

Country est un documentaire intéressant, mais qui ne peut malgré tout prétendre à devenir une référence du genre.

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Pas de pays sans paysans, d’Ève Lamont. Canada, (90 min). Présenté le jeudi 4 mai à 21h 30 et le dimanche 7 mai au Innis Town Hall. Note: 4/5.

L’agriculture s’est largement industrialisée depuis 50 ans. La campagne en est restée défigurée et polluée. Mais certains paysans résistent, tentant de redonner à l’agriculture toute la noblesse de sa vocation. Ève Lamont est allée à leur rencontre.

Du Québec, à la France en passant par le Vermont et les Prairies canadiennes, la cinéaste donne la parole aux agriculteurs et aux groupes de pression qui militent, chacun à leur manière, pour pratiquer une agriculture à échelle humaine et respectueuse de l’environnement.

Pas de pays sans paysans propose une réflexion globale sur nos pratiques agricoles, abordant tour à tour la question des OGM, des porcheries, des agrobusiness, etc.

Le film d’Ève Lamont est engagé sans être agressif et suscite une réflexion utile sur la course à la productivité et sur l’indépendance des agences de santé publique.

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