Il ne faut pas non plus exagérer, Hergé est surtout critiqué pour avoir fréquenté plusieurs persona non grata pendant la Seconde Guerre mondiale, «des gens douteux, d’extrême droite, voire antisémites», indique Stanislas. Ce qu’on reproche également au génial dessinateur est d’avoir continué à publier ses Tintins dans Le Soir, quotidien belge passé sous gouvernance nazie. «C’est quasiment de la collaboration passive», rajoute le dessinateur français. Revenant sur l’oeuvre d’Hergé, Stanislas explique que le fameux crayonneur belge ne fait jamais de politique dans ses BD, à part dans Le lotus bleu où il prend largement parti pour le peuple chinois opprimé par les Japonais.
Un risque juridique
«Personne ne voulait prendre le risque d’éditer Les aventures d’Hergé. Finalement, un libraire parisien, Yves Boniface a bien voulu éditer l’oeuvre. C’est même lui qui m’a recommandé comme dessinateur pour le scénario. Quand on m’a présenté le projet, j’ai trouvé ça énorme et je me suis dit: ‘ Si je ne le fais pas, quelqu’un d’autre va le faire et je vais le regretter.’ Je me suis donc donné la sacro-sainte mission de défendre Hergé.»
«Pour créer Hergé, pour l’animer, il faut comprendre visuellement le personnage, mais aussi psychologiquement, comprendre comment il réagit», développe Stanislas.
«D’ailleurs, l’exposition Toronto Draws Tintin, j’aurais aimé qu’il me demande. Ça m’aurait beaucoup amusé. Dessiner quelque chose qui existe déjà, avec son propre style, ça ne se fait pas beaucoup en BD, ça commence, mais c’est rare. En musique ça existe déjà, ce sont les reprises. Tintin pour moi, c’est un jeune gamin, 18 ans maximum, blondinet avec une vague mèche, connoté années 40-50 et Bruxellois.»
L’évolution de la BD
Après 25 ans de coups de crayon, Stanislas est bien placé pour comprendre le monde de la BD. Il sait que la réussite des Aventures d’Hergé vient du sujet. «Il faut faire des coups médiatiques maintenant.»