En début d’année, deux enquêtes internes de l’université de l’État de Washington ont conclu à la culpabilité d’un professeur accusé de harcèlement sexuel. En réaction, le professeur a décidé de poursuivre l’université… pour atteinte à ses droits de professeur permanent.
Bien que la réaction du microbiologiste Michael Katze, 66 ans, soit inédite, elle s’inscrit dans une tendance lourde: depuis deux ans, les histoires de harcèlement sexuel concernant des chercheurs en position d’autorité ont secoué quelques campus américains.
Après un long tabou, les victimes osent parler. Mais il reste du chemin à faire: n’eût été du travail d’une journaliste scientifique, les histoires les plus marquantes de 2015-2016 auraient été réglées en privé.
C’est la journaliste scientifique Azeen Ghorayshi qui a développé depuis l’an dernier cette «spécialisation» inattendue. C’est elle qui a publié en octobre 2015, dans BuzzFeed, l’histoire de harcèlement sexuel entourant Geoffrey Marcy, astronome de réputation internationale et grand découvreur d’exoplanètes — une histoire que l’université de Californie avait d’abord tenté de régler en coulisse.
Trois mois plus tard, elle révélait aussi l’histoire de l’astrophysicien Christian Ott, à qui Caltech venait d’imposer neuf mois de congés non payés pendant lesquels il lui était interdit d’entrer dans le campus et ses courriels étaient surveillés — le tout, sans l’annoncer publiquement.