Hapax Legomena: bouleverser la narration

Un groupe d’artistes français s’emparent de la galerie Mercer Union

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Publié 18/09/2012 par Guillaume Garcia

Invités par la galerie Mercer Union à venir exposer leurs oeuvres dans le cadre du projet Paris-Toronto, dix artistes français ont répondu à l’appel. Sept d’entre eux étaient présents au vernissage de l’exposition intitulée Hapax Legomena vendredi soir dernier dans les locaux de la galerie, au 1286 de la rue Bloor ouest.

Travaillant ensemble depuis 2006, le groupe d’artistes avance dans son travail grâce aux réflexions collectives qu’ils peuvent développer. «Il y a une progression et une manière d’aller plus en profondeur», explique Yoann Gourmel, co-curateur de l’exposition. Quand ils ont découvert le lieu de leur future exposition, les artistes ont décidé de partir de l’histoire du lieu pour tisser leur réflexion. Cet ancien, resto, cinéma, les a inspiré dans leur travail.

«On a proposé cette situation aux artistes et on les a invités à penser à un projet», lance Élodie Royer, co-curatrice de l’exposition, lors de notre rencontre le soir du vernissage.

Faire des propositions

Toute l’exposition est basée sur un film, Hapax Legomena, de Hollis Frampton, dans lequel des photographies se consument pendant qu’une voix hors champ décrit une image qui n’est pas encore présente à l’écran, comme pour déconstruire le récit. «C’est un rapport spécial à la narration. Il y a une désynchronisation, ça fait appel à la mémoire.»

Dans son film de 1971, Frampton propose lui-même une relecture de son propre travail à travers une perspective analytique mêlant réminiscence, narration et exercice de style iconographique. Michael Snow, un artiste torontois fait la voix. «Pour nous, le film amenait des points de réflexion. À partir de là chacun a fait sa propre lecture», souligne Yoann Gourmel.

Les artistes parisiens expliquent leur démarche dans le pamphlet de présentation de l’expo: «Jouant sur la mise en relation de temporalités diverses, sur les mécanismes antagonistes du souvenir et de l’anticipation, cette exposition souligne la problématique commune aux démarches de ces artistes, pour qui la remise en circulation, le collage ou le montage souvent non-linéaire d’histoires, d’images, d’idées et de formes du passé demeure une stratégie artistique visant à prendre position dans le monde d’aujourd’hui.»

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Si vous allez voir l’exposition, vous vous apercevrez que la lumière est changeante. Ça, c’est l’oeuvre de Mark Geffriaud. «Lors de chaque expo il fabrique un morceau de sa future maison, dans le cadre de son projet Shelter. Là c’est l’électricité. L’éclairage révèle la salle d’exposition», indique Élodie Royer.

Chercher des prétextes

Une oeuvre prend tout le pan d’un mur. Il s’agit d’une murale représentant un écran de cinéma, mais le tout en couleur primaire. Toutes les oeuvres mettent en avant l’altération du mouvement et du récit.

«Ici il y a une stratification de l’histoire. C’est intéressant à exploiter. Ce contexte me sert de prétexte pour faire de nouvelles propositions», explique Benoît-Marie Moriceau, dont les oeuvres, rappelant le passé du lieu, apparaissent et disparaissent derrière des vitres teintées.

«L’objet devient tout à coup surnaturel», conclut-il.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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