Handel: le plus international
des compositeurs

250e anniversaire de sa mort

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Publié 21/07/2009 par Gabriel Racle

S’il est un chef-d’œuvre de la musique classique bien connu du grand public, et dont le succès ne se dément pas, c’est assurément le Messie, avec son célèbre Alléluia polyphonique. Et cette année 2009 marque le 250e anniversaire de la mort de son compositeur, George Frideric Handel, décédé le 14 avril 1759 à Londres et inhumé à l’abbaye de Westminster.

Georg Friedrich Händel, en allemand, est né le 23 février 1685 à Halle, ville de Saxe, en Allemagne, trois semaines avant Jean-Sébastien Bach (21 mars) qu’il n’a jamais rencontré. Contrairement à ce dernier, il n’est pas né dans une famille de musiciens. Et son père voulait qu’il étudie le droit pour avoir un métier lucratif.

C’est donc en cachette qu’il a commencé à exercer ses talents musicaux, jusqu’à ce que le duc de Saxe-Weissenfels, l’ayant entendu jouer de l’orgue lors d’une visite à sa cour, convainque le père de lui laisser suivre des leçons de musique. Le père accepte, car le duc finance généreusement ces études.

Jeune prodige

À 12 ans, Händel maîtrise le hautbois, le violon et surtout les instruments à clavier (épinette, clavecin, orgue). Il devient l’organiste assistant de son professeur à l’église luthérienne de Halle et compose de la musique pour les offices, démontrant un talent prodigieux – son professeur reconnaît qu’il n’a plus rien à lui apprendre – qui attire des mécènes bien nantis.

Un an après le décès de son père (1697), il abandonne l’étude du droit, devient organiste à Moritzburg puis entre à l’orchestre de l’opéra de Hambourg comme deuxième violon. Ce passage à Hambourg marque les débuts de sa prodigieuse carrière musicale.

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Jalousie

Il se lance dans l’opéra italien en donnant Almira et Nero, qui connaissent un grand succès. Ce qui suscite la jalousie du directeur de l’opéra. Lassé de persécutions sournoises, Händel part brusquement pour l’Italie, en 1706.

Il se rend à Florence, auprès du duc Gaston de Médicis, qui de passage à Hambourg, avait applaudi le succès d’Almira. Il donne son opéra Rodrigo, se rend à Rome, à Naples, à Venise, fréquente princes et académiciens, produit quantité de pièces instrumentales, de psaumes, de cantates et acquiert une réputation de virtuose du clavecin et de l’orgue.

Il s’imprègne du style italien et se lie d’amitié avec Corelli, compositeur d’opéras et d’oratorios, Alessandro Scarlatti et son fils Domenico, compositeur et claveciniste virtuose de son âge, Bernardo Pasquini, grand claviériste et compositeur, bref l’élite de la société musicale italienne.

En 1708, son oratorio, La Resurrezione, dirigé à Rome par Arcangelo Corelli, rend instantanément célèbre Il Sassone (le Saxon). En 1709, la représentation d’Aggrippina à Venise suscite l’enthousiasme. Toutefois, en 1710, Händel retourne en Allemagne pour devenir le Kapellmeister de l’électeur (prince qui élit l’empereur) Georg de Hanovre, un poste bien rétribué.

Il visite Londres en 1711 et y présente Rinaldo. Cet opéra italien fait sensation, mais Händel retourne à Hanovre, pour regagner Londres en 1712.

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Il s’y attarde, malgré son poste, choyé par la reine Anne. Celle-ci meurt en 1714 et le nouveau roi George Ier d’Angleterre n’est autre que l’électeur de Hanovre, du fait des conventions de l’époque. Les deux hommes se réconcilient après une période de ressentiment.

Le compositeur s’installe définitivement en Angleterre dont il est naturalisé citoyen et prend le nom de George Frideric Handel.

Public difficile

Après un bref passage à Halle auprès de sa mère aveugle et paralysée, Handel poursuit ses efforts pour imposer à Londres l’opéra italien. Il en écrit deux ou trois par an, mais les goûts du public changent, qui n’accepte plus ce genre musical, malgré une quarantaine de chefs-d’œuvre proposés par Handel.

Découragé, ruiné, il se tourne alors vers l’oratorio qui sera «la clé de son salut». Son oratorio anglais Esther est bien accueilli. Il en écrit plusieurs, Deborah et Atalia, puis quatre œuvres majeures entre 1738 et 1740, Saul, Israel in Egypt, Ode for St. Cecilia’s Day et L’Allegro, il Pensieroso ed il Moderato.

Comme ont l’a remarqué, les oratorios de Handel diffèrent grandement du modèle italien classique. Purcell a influencé Handel par ses œuvres vocales sacrées. Même si des textes bibliques leur servent de base, les oratorios handelliens ne sont pas imbus de piété et sont des œuvres qui se ressentent du goût du compositeur pour l’opéra et conviennent aux concerts donnés en salle. Ils serviront de modèle à de nombreux compositeurs, qui l’imiteront sans jamais le surpasser.

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Succès du Messie

En 1741, William Cavendish, vice-roi d’Irlande, invite Handel à donner un concert de charité à Dublin. Il s’y rend avec un nouvel oratorio, le Messie, une œuvre imposante composée en 24 jours, en reprenant parfois des éléments anciens réadaptés.

Ainsi, l’Alléluia est une adaptation d’un chœur qui rendait gloire à Bacchus, dans Alexander’s Feast, composé en 1736. L’exécution, devant une salle comble, est un succès retentissant. À Londres, en 1743, c’est d’abord un échec, même si le roi George II se lève pendant l’Alléluia, une tradition persistant avec le succès de l’œuvre quelques années plus tard.

Handel produit encore des pièces, des oratorios. L’Occasional Oratorio et Judas Maccabée assurent le triomphe définitif du maître dans son nouveau pays. Mais ses yeux lui causent des problèmes. Il termine avec peine Jephté, un autre grand oratorio, en 1752. Il est opéré de la cataracte, mais devient aveugle. Il continue de jouer de l’orgue ou de diriger des oratorios. Le 6 avril 1759, il s’évanouit à la fin d’une représentation du Messie. On le reconduit chez lui. Il sait que sa fin est proche. «J’aimerais mourir un Vendredi Saint», dit-il. Il décède tôt le 14 avril, le Samedi Saint.

Livres

HAENDEL. Découverte des musiciens, Gallimard, 15 p. Un merveilleux petit livre pour la jeunesse (6-10 ans), en gros caractères, abondamment illustré, pour connaître Handel et s’initier à la musique classique grâce à un CD comportant plusieurs pièces expliquées dans le texte, «pour apprendre à aimer, pour écouter encore et toujours». Un livre pour les écoles, pour les familles, pour tous.

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Handel a laissé une œuvre considérable: 42 opéras, 166 duos, trios, airs et cantates, 37 sonates et trios, des psaumes, Te Deum, 12 concertos d’orgue, deux passions, 36 oratorios, etc. Sa puissance créatrice et sa facilité impressionnent toujours. «Handel est notre maître à tous.» – Joseph Haydn

«Handel est le plus grand et le plus compétent des compositeurs.» – Beethoven

«Handel est grand comme le monde.» – Franz Liszt

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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