Barcelone, septembre 1969. Une femme avale goulûment son repas et, après plusieurs minutes de tête à tête avec un spectateur intrigué, prend une feuille de papier et proclame: «Cette soirée sera la fin de la signification.» Cette femme, c’est Jackie Raynal. Elle est actrice. Elle est réalisatrice. Et elle signe en cette période troublée des années soixante un des films-clés du groupe Zanzibar: Deux Fois.
Le groupe Zanzibar est le nom que se sont donné plusieurs cinéastes à la fin des années 1960. Leur production, aussi déconcertante qu’éphémère, avait presque sombré dans l’oubli. Jusqu’à ce que Jackie Raynal, une des figures de proue de ce mouvement, lève des fonds pour tirer de nouvelles copies de ces films.
Récemment, un livre a même été publié à leur sujet: Les Films Zanzibar et les dandys de mai 1968, de Sally Shafto. La cinémathèque Ontario a donc profité du moment pour programmer une rétrospective de ces oeuvres. Elles seront diffusées du 2 au 10 novembre.
Andréa Picard, programmatrice à la cinémathèque, est heureuse de diffuser ces oeuvres. «Ces films ont vraiment une grande importance, même s’ils sont très mal connus. Cette semaine, ce sera la première fois en Amérique du Nord que ces copies vont être présentées.»
Mais pourquoi ce drôle de nom? «Cela fait référence au Zanzibar, vu par eux comme une terre promise de pureté, d’une vérité qui n’existe pas dans le monde capitaliste. C’est une utopie à laquelle ils aspiraient.»