Nombreux sont ceux qui se fascinent pour l’histoire d’un pays ou d’une région. Mais rarement accordent-ils autant d’importance à la géographie. Pour remédier à cette situation, Jean-Claude Barreau et Guillaume Bigot ont publié Toute la géographie du monde. Ils avaient auparavant publié Toute l’histoire du monde (2005).
Ces deux Français démontrent comment il existe une parfaite complémentarité entre la géographie et l’histoire. Ils nous présentent les 200 pays ou États du monde actuel en expliquant que le climat ou encore le relief ont pu influer sur leur vie sociale, politique ou économique. Faisant fi des conventions, les auteurs parcourent le monde en suivant les grands ensembles physiques, comme par exemple la chaîne de montagnes qui s’étend des Pyrénées, à l’ouest, à l’Himalaya, à l’est.
Cette approche permet de mettre en évidence des similitudes entre des pays aussi éloignés géographiquement que la Suisse et le Népal. L’un et l’autre sont des pays enclavés dans leurs montagnes, farouchement attachés à leur indépendance et dont les habitants ont servi, au fil des siècles, comme mercenaires chez les souverains des plaines (les Suisses auprès du roi de France et du pape, les Gurkhas du Népal auprès du roi d’Angleterre).
Les auteurs ne se limitent pas à la seule géographie physique – montagnes, plaines, forêts, rivières, lacs, océans – mais embrassent aussi la géographie humaine. Cela les amène à interpréter des faits, à exprimer librement leurs opinions. Le lecteur n’est pas obligé d’y adhérer, sauf que le commentaire s’imbrique souvent dans l’exposé factuel. À titre d’exemple, l’occupation américaine de Cuba, de 1898 à 1902, est résumé en quelques mots lapidaires et peu nuancés: pour les Américains, Cuba «leur servait de bordel tropical».
Le Canada n’occupe que deux pages et demie dans cet essai, dont la moitié est consacrée au Québec. On rappelle le «Vive le Québec libre!» et les deux référendums perdus «de très peu». Après avoir noté les ressources hydro-électriques du Québec, son agriculture, sa façade maritime, son 1,7 million de kilomètres carrés et ses 7 millions d’habitants, les auteurs concluent qu’il «serait légitime de reconnaître la souveraineté» de cet État. Ils affirment que le Canada n’existe «qu’à cause» du Québec; sans lui, il «s’intégrerait probablement aux États-Unis – qui s’en plaindrait?».