Freecycle : une application torontoise pour réduire nos déchets

Freecycle, recyclage, environnement
Graziano Giordano, fondateur de Freecycle. Dans l'application, les objets sont classés par catégorie, localisation et distance de l'utilisateur.
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Publié 16/11/2021 par Clément Lechat

«Créer des solutions plus vertes avec l’aide des technologies.» C’est l’objectif du programmeur informatique belge Graziano Giordano lorsqu’il se lance dans l’entrepreneuriat et crée Green Tribe en mars 2020. Torontois depuis 4 ans, et bientôt officiellement canadien, il a développé deux applications: Foodalyse et Freecycle.

Cette dernière permet de faire facilement don d’objets en postant des petites annonces. Mais on peut aussi y signaler les objets abandonnés. Il suffit de prendre une photo et de la partager sur la plateforme.

«Il y a beaucoup d’objets qu’on n’arrive pas à vendre, car ils n’ont pas une grande valeur financière. Ceux qui peuvent être vendus pour 5, 10, 20$, les gens préfèrent les jeter. De là, ils pourraient facilement les mettre sur cette plateforme pour pouvoir les donner à leur voisinage», explique le développeur de l’application.

Disponible sur l’App Store et Google Play, Freecycle a déjà été téléchargée plus de 1000 fois, principalement dans la région de Toronto.

Freecycle, recyclage, environnement
Le logo de l’application Freecycle dans les boutiques Apple et Google.

Freecycle contre le gaspillage

Quelques chiffres montrent l’ampleur du gaspillage au Canada.  2,8 millions de tonnes de plastique finissent dans les décharges chaque année, soit le poids de 24 tours CN.

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Ce sont aussi 20 kilogrammes de gâchis électronique que chaque individu génère durant une année. Cela représente 750 000 tonnes à l’échelle du pays, ou le poids de 576 923 voitures.

Il faut 10 000 litres d’eau pour produire une paire de jeans.

C’est un phénomène de société qui a choqué le Belge de 35 ans, arrivé pour la première fois à Toronto en 2009 avec un permis vacances-travail.

«Ici, les gens sont très consommateurs. C’est facile d’acheter et de jeter. La fast-fashion est très répandue», observe-t-il. Or, pour produire une paire de jeans, il faut 10 000 litres d’eau. C’est ce qu’un humain boit en 12 ans, ou autant que 120 douches.

Système de recyclage déficient

De son côté, le système de gestion des déchets est loin d’être à la hauteur des enjeux, selon Graziano Giordano. «J’ai vécu en Allemagne, où on séparait tout. Le verre du carton, etc. Ici, on met tout ensemble. C’est à se demander quelle proportion est vraiment recyclée», regrette-t-il.

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Le programmeur met en garde contre un autre danger. En effet, les décharges se remplissent chaque jour un peu plus. Jusqu’au moment où elles arriveront à saturation. D’ici 10 à 15 ans, il pourrait ne plus y avoir de place dans les décharges ontariennes.

«Il faut forcément en construire d’autres. Mais ça prend des années. En plus de cela, on envoie une certaine partie de nos déchets vers les États-Unis. Or, ils vont avoir le même problème que nous», analyse-t-il.

«Pour résoudre cela, il faut soit créer plus de décharges, ou alors apprendre à réduire ce que l’on consomme, ou du moins ce que l’on jette, les réutiliser, les réparer… Et en plus créer des produits plus facilement recyclables», suggère-t-il.

Culture du don et esprit de communauté

Plus 1000 heures de codage plus tard, Graziano Giordano est fier de contribuer à résoudre le problème à sa façon. Vêtements, meubles, électronique, lampes, ustensiles, livres, jouets… On trouve de tout sur Freecycle.

Les utilisateurs peuvent afficher en avance des annonces pour préciser quand les objets seront disponibles, par exemple lors d’un déménagement.

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L’application intègre une messagerie pour faciliter l’interaction entre les utilisateurs. Ces derniers peuvent publier des story pour montrer à la communauté les objets qu’ils ont obtenus via Freecycle. À leur tour, les autres membres peuvent commenter et aimer le post.

Freecycle, recyclage
Un utilisateur satisfait de la chaise de bureau reçue gratuitement.

Mais bien au-delà d’une simple application, le fondateur voit Freecycle comme un moyen de rapprocher les voisins, fédérer autour d’une cause commune et de la culture du don.

«Aujourd’hui, on vit dans pays où rien n’est gratuit. Ici, dans l’application, on donne sans rien attendre en retour. Je pense que c’est quelque chose qu’on a un peu perdu, mais qui est encore en nous», insiste-t-il.

Freecycle l’ambitieuse

L’aventure ne fait que commencer pour Freecycle, qui ose venir concurrencer des géants comme Facebook Marketplace ou Instagram. Des plateformes sur lesquelles les utilisateurs repèrent déjà des objets gratuits laissés sur le trottoir, et partagent leur localisation.

«Instagram n’est pas fait pour ça. Il manque donc vraiment des fonctionnalités. Les personnes intéressées doivent se déplacer pour voir si l’objet est encore là, ou pas. Alors que dans l’application c’est vraiment en temps réel», souligne Graziano Giordano.

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Freecycle, recyclage
Freecycle n’en est encore qu’à ses débuts.

De plus, si elle n’a pas l’avantage de la taille, l’application peut, elle, se targuer de respecter la vie privée de ses utilisateurs. Le fondateur est catégorique: il ne revend pas les données personnelles collectées.

Freecycle est pour le moment uniquement disponible en anglais. Mais l’histoire de l’application continuera à s’écrire dans d’autres langues si son fondateur décide de la propulser à l’international. Il lui faudra d’abord agrandir sa base d’utilisateurs.

«L’idée est de commencer ici à Toronto, l’Ontario, tout le Canada, et ensuite les États-Unis. Le Québec serait intéressé par une version française». Et pourquoi pas un jour voir l’application en espagnol? «Quand on pense à l’Amérique du Sud, il y a tellement de potentiel là-bas», ambitionne-t-il.

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