Francis Bacon: un philosophe hors du commun

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Publié 18/01/2011 par Gabriel Racle

Le 22 janvier 1561, naissait à Londres Francis Bacon, fils de sir Nicolas Bacon, qui pendant vingt ans fut Lord Keeper of the Great Sea of England (Lord Gardien du Grand sceau) lors du règne d’Élizabeth Ière. Et cette année 2011 est marquée par la célébration du 450e anniversaire de cette naissance.

Homme de droit

Bacon se fait remarquer dès son enfance par la précocité de son génie. À douze ans, il entre à l’université de Cambridge et il s’intéresse de près aux sciences, avec le dessein de les réformer et de leur redonner une nouvelle place dans la pensée et le raisonnement, ce qu’il fera plus tard.

Bien en cour, de par la situation de son père, il accompagne l’ambassadeur d’Angleterre en France, auprès du roi Henri III. Mais il doit rentrer chez lui à la mort de son père, en 1579, et s’occuper de gérer sa fortune. Il se lance d’abord dans le droit, devient avocat et se spécialise dans la jurisprudence, avec succès. Mais les affaires publiques l’intéressent davantage. En 1591, il entre à la Chambre des Communes. Ses tentatives pour se faire bien voir de la reine ne lui valent que le modeste titre de Conseil de la Reine.
Homme de loi

Après la mort d’Élizabeth (1603), il entre dans les bonnes grâces de Jacques 1er et il accède aux honneurs jusqu’à devenir Grand chancelier. Il aide le roi à unir les royaumes d’Angleterre et d’Écosse, et il fait des réformes utiles.

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Mais, accusé de corruption et de sodomie, dans un jeu de manigances politiques, il perd tous ses titres (1621), est emprisonné à la tour de Londres, paie une amende de 40 000 livres sterling et, libéré, s’éloigne de la vie publique pour s’occuper de travaux philosophiques et d’expériences de physique, qui causent sa mort en avril 1626.

Homme des sciences

S’il n’avait été qu’un homme politique, F. Bacon ne retiendrait guère plus l’attention que ses prédécesseurs. Mais il se révèle un moderne, dans la conception qu’il se fait du rôle des sciences. Ses travaux sont guidés par une idée de base, révolutionnaire pour l’époque, une restauration des sciences. Il conçoit une vaste encyclopédie, la Grande Restauration des sciences (Instauratio magna), pour l’étude méthodique et le progrès de toutes les sciences humaines.

Bacon voulait remplacer les méthodes en usage, fondées sur des hypothèses et des arguments subtils, sans vérifications, par des observations et des expériences donnant la connaissance des faits, d’où il serait alors possible de tirer des conclusions fondées sur la nature et les causes des phénomènes. L’ouvrage devait comporter six parties, mais Bacon n’a pu en rédiger que deux

I. Revue et répartition des sciences; de leur dignité et de leur accroissement. Il s’agit d’un inventaire des sciences, au moment où Bacon entreprend la rédaction de son livre. Il mentionne leur faiblesse, leurs interrelations, leurs lacunes et les progrès qu’elles pourraient faire.

II. Novum Organum, ou méthode pour l’interprétation de la Nature. C’est l’exposé la nouvelle méthode qu’il propose.

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Philosophe d’avant-garde

En fait, Novum Organum (Nouvel outil) est l’œuvre majeure de Bacon, une œuvre qui influencera Darwin et son ouvrage L’origine des espèces, dont en 2009 nous avons marqué le 200e anniversaire de naissance. Bacon propose une nouvelle méthode pour étudier les sciences et assurer leur progrès. Il faut d’abord recueillir des faits, les classer pour tenter d’en découvrir une généralisation.

Si par induction on en arrive à des généralités, il faut vérifier avec soin qu’il s’agit bien de vérités nouvelles. «Souvenez-vous toujours de la règle: ne rien imaginer, ne rien supposer, mais découvrir ou trouver ce que la nature fait ou éprouve. Puis le rôle de la raison commence; c’est proprement le rôle de l’induction.» Pour Bacon, «la science véritable est la science des causes».

Car, dit-il: «La science doit être tirée de la lumière de la nature, elle ne doit pas être retirée de l’obscurité de l’antiquité.». Le progrès le hante sans cesse, en vue d’un mieux-être des humains.

Et sa postérité

Bacon a laissé une quinzaine d’œuvres sur la jurisprudence, la politique, l’histoire, la morale et la philosophie. Il est aussi l’auteur d’un alphabet bilitère, très semblable dans son principe au codage binaire informatique.

Ce sont ses travaux philosophiques qui ont fait sa célébrité et assuré sa postérité. Il a joué un rôle considérable dans la philosophie des sciences. Horace Walpole, homme politique, écrivain et esthète britannique (1717-1797), a dit de lui qu’il était «le prophète d’une science inexistante que Newton est ensuite venu révéler».

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Précurseur de la pensée moderne, il veut dégager la science de la théologie qui, disait-il, a rendu l’intelligence humaine «stérile comme une nonne». Théoricien de l’expérience scientifique, on le regarde comme le père de l’expérimentation. Réforme et promotion du savoir peuvent résumer sa contribution à la pensée moderne

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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