Festival international du film de Toronto: Que voir?

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Publié 12/09/2006 par Aurélie Lebelle, Yann Buxeda, Magdaline Boutros

Le Festival international du film de Toronto se termine le 16 septembre. Plus de 350 films en provenance de 61 pays sont présentés, au plus grand bonheur des cinéphiles. Pour nous, francophones, c’est également le moment de l’année où le plus grand nombre de films en français nous est présenté. Pour faciliter votre sélection, voici une deuxième série de critiques de films provenant des quatre coins de la francophonie.

7 ans, de Jean-Pascal Hattu. Avec Valérie Donzelli, Cyril Troley et Bruno Todeschini. France, 2006. 85 minutes. ***

Vincent est incarcéré pour une peine de 7 ans. Sa femme, Maïté, va le voir dès que le parloir est ouvert. Tous deux souffrent de cette séparation. Mais leur manière de se rapprocher l’un de l’autre est si distincte. Pour Maïté, c’est l’odeur de Vincent incrustée dans ses vêtements qui lui rappelle son mari. Pour Vincent, la démarche est beaucoup plus tordue. Il convainc un des gardiens de prison de se rapprocher de sa femme, créant de toutes pièces un triangle amoureux, où tous se feront tôt ou tard prendre au jeu.

Parti d’un thème souvent visité, Jean-Pascal Hattu réussit à faire de 7 ans un film sensible qui aborde avec une vérité crue la délicate question de l’attraction physique et des besoins sexuels. Sans jamais tomber dans le mélodramatique, le réalisateur réussit à nous faire sentir l’amour, la douleur, la jalousie qui jalonneront le parcours des trois personnages.

Belle toujours, de Manuel de Oliveira. Avec Bulle Ogier, Leonor Baldaque. Portugal/France, 2006. 70 minutes *

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Belle toujours raconte la rencontre troublante d’un homme et d’une femme dont les chemins se recroisent subitement. Leur passé commun et leur jeunesse évaporée sont emplis d’histoires de tromperie et de mensonges qui semblent vouloir les rattraper. Le vieil homme détient la réponse au secret qui a hanté toute la vie de la femme.

Ce film est une suite ratée de Belle de jour où Catherine Deneuve interprétait Séverine. L’histoire se passe 38 ans plus tard. Les acteurs ne sont donc soit plus les mêmes ou encore ils ont pris de l’âge. Le scénario est aussi vieilli et bancal que les acteurs et les longueurs qui s’enchaînent pour immortaliser un suspense ou une intensité inexistants. On finit par rire des absurdités de certaines scènes qui n’en finissent plus. La fin reste un véritable mystère que seuls quelques rares avertis pourront peut-être déceler.

L’homme de sa vie, de Zabou Breitman. Avec Bernard Campan, Charles Berling, Léa Drucker. France/Italie, 2006. 114 minutes **

Frédéric passe ses vacances avec sa femme et une partie de sa famille dans le sud de la France. Un soir, ils invitent le nouveau voisin, Hugo, qui affiche clairement son homosexualité. Les deux hommes vont parler jusqu’à l’aube des relations humaines et de l’amour. Une discussion qui va faire basculer leur vie et celle de leur entourage.

Le choix des acteurs est divin: Charles Berling et Bernard Campan semblaient tout à fait correspondre au profil de leurs personnages. On est immédiatement pris dans le tourbillon des vacances qui imprègne la première partie du film. La suite devient plus lourde, plus cérébrale. Les personnages sont paralysés par des dilemmes qui asphyxient le spectateur. Les silences, les plans resserrés interminables et les passages musicaux font totalement sombrer le film. D’une comédie dramatique on évolue peu à peu vers un drame qui devient comique par ses effets de style.

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Mon Colonel, de Laurent Herbiet. Avec Olivier Gourmet, Robinson Stévenin et Cécile de France. France/Belgique, 2006. 110 minutes. ****

Algérie, 1957. Guy Rossi, un jeune lieutenant français est envoyé à Saint-Arnaud, où l’armée française tente de reprendre le contrôle de la ville livrée aux rebelles algériens. Il se retrouve sous le commandement du colonel Raoul Duplan, fermement convaincu de la mission civilisatrice de la France en Algérie. S’ouvre alors un débat moral entre les deux hommes, l’un prêt à tout pour vaincre les fellaghas (rebelles algériens), et l’autre, ne voulant agir que dans le respect des lois. Vingt ans plus tard, une série de lettres anonymes envoyées aux enquêteurs permettent de lever le voile sur ce qui s’est réellement passé, cette année-là, à Saint-Arnaud.

Mon Colonel est une adaptation cinématographique du roman éponyme signé par Francis Zamponi en 1999. Le scénario a été co-rédigé par Costa Gravas, à qui l’on doit notamment Amen. Alors que la guerre en Irak bat son plein et que la France réussit doucement à affronter ses démons du passé, Mon Colonel fait surgir des débats encore criants d’actualité. Jusqu’où peut-on aller pour gagner une guerre? Les soldats sont-ils responsables individuellement des crimes commis? Quel est le rôle des politiques dans la chaîne de décisions ayant mené à l’application de la torture?

Mon meilleur ami, de Patrice Leconte. Avec Daniel Auteuil et Dany Boon. France, 2006. 94 minutes ****

François Coste est un marchand d’objets d’art orgueilleux et intéressé qui n’a aucun véritable ami. Le jour de son anniversaire, son associée lui fait remarquer son isolement. Hors de lui, il affirme et parie pouvoir trouver son «meilleur ami» en quelques jours. Il croise alors le chemin de Bruno, un chauffeur de taxi sympathique et souriant. François va alors demander à Bruno les clés pour se trouver des amis.

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Le film de Patrice Leconte est une vraie réussite. Même si le thème abordé n’est pas des plus originaux, le scénario est plein d’humour et emmène le spectateur vers une belle histoire. Daniel Auteuil et Dany Boon sont incroyablement bons dans leurs personnages respectifs et apportent chacun une note différente au film. Au-delà des comiques de situation qui sillonnent tout le film, le scénario soulève le problème pesant de la solitude, sans en faire trop. La comédie de Patrice Leconte remplit le contrat.

Paris, je t’aime, de Wes Craven, Joel et Ethan Coen, Alexander Pane, Bruno Podalydès… Avec Fanny Ardant, Juliette Binoche, Gérard Depardieu, Nathalie Portman… France, 2006. 110 minutes ***

Au fil des quartiers parisiens, les personnages et les histoires d’amour se succèdent. Montmartre, Pigalle, le quartier latin ou encore la Tour Eiffel: chaque endroit est l’occasion de regarder Paris à travers les yeux de l’amour. Parfois romantiques, parfois vampiriques, les scénettes peignent l’amour sous toutes ses formes, baignées dans une atmosphère parisienne envoutante et magique. Du coup de foudre à la routine du couple, de l’amour d’une mère aux conquêtes adolescentes, la passion renaît à chaque coin de rue.

L’idée de réunir 21 réalisateurs pour un hymne à Paris relève du génie. D’autant que les plus grands artistes du cinéma mondial ont tenu à rendre hommage à la capitale des amoureux! Pour autant, certains scénarios sont plats ou totalement incohérents. Finalement, seul le dernier des 18 courts-métrages évoque véritablement l’amour pour Paris et non l’amour dans Paris. Les fervents admirateurs de la capitale française seront déçus de ne voir que si peu les quartiers parisiens. On finit tout de même par y trouver son compte à travers les multiples scénarios proposés.

Un crime, de Manuel Pradal. Avec Emmanuelle Béart, Harvey Keitel et Norman Reedus. France, 2006. 102 minutes ****

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La vie de Vincent a basculé lorsque sa femme a été tuée. Le meurtrier n’a jamais été retrouvé. Trois ans plus tard, Alice, sa voisine, décide de trouver un coupable idéal pour que Vincent arrive enfin à faire son deuil et tourne définitivement la page. Elle séduit alors un chauffeur de taxi et lui revêt petit à petit tous les apparats du tueur présumé. Mais le scénario prévu au départ dévie soudainement et fait perdre totalement pied à Alice.

Ce film est mené avec brio du début à la fin. Les acteurs font une belle démonstration même si l’on remarque principalement la présence d’Emmanuelle Béart et de Harvey Keitel, qui tiennent à eux deux l’ensemble du film. Suspense, rebondissements, le spectateur est amené là où il ne s’attendait pas. Un crime reste incontestablement un film à voir. À noter que le film est en anglais, même si le titre laissait présager un film francophone.

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