Fermeture du resto célèbre pour son serveur le plus grossier au monde

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Publié 23/04/2012 par Lisa Leff (The Associated Press)

à 12h36 HAE, le 21 avril 2012.

SAN FRANCISCO – Le coeur serré, des dizaines de clients ont fait la queue vendredi soir à San Francisco pour aller manger une dernière fois chez « Sam Wo », ce restaurant chinois devenu notamment célèbre pour l’un de ses serveurs particulièrement mal embouché.

Surnommé « le serveur le plus grossier du monde », Edsel Ford Fung n’a en effet cessé pendant des décennies d’insulter des clients, de balancer les assiettes sur la table, d’envoyer promener ceux qui osaient lui faire des remarques ou de draguer lourdement des clientes…

La direction de l’établissement fondé en 1907 au coeur de Chinatown a dû se résoudre à fermer ses portes ce week-end après que les services d’hygiène municipaux eurent réclamé de nombreuses améliorations en matière de sécurité et de normes sanitaires. Les descendants de M. Ho, l’un des trois cofondateurs, auront encore une dernière chance mardi devant la commission d’hygiène, mais peu croient encore à une réouverture.

La probable disparition de cette institution, qui a vu des générations se succéder autour des huit petites tables du minuscule restaurant pour déguster une soupe won ton ou des nouilles au boeuf, brise le coeur de Darlene Lee, 71 ans, dont 60 passés à fréquenter « Sam Wo ». « Je sais que le changement a du bon, mais parfois on aime bien se raccrocher aux bons souvenirs », confie-t-elle. D’autres ont loué une nourriture simple et pas chère, tandis que les noctambules appréciaient le fait qu’il reste ouvert jusqu’à 3h du matin.

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Ceux qui n’y ont jamais mis les pieds (après avoir traversé la cuisine dès l’entrée…) auront peut-être découvert son existence en lisant « Les chroniques de San Francisco » d’Armistead Maupin ou les articles du journaliste Herb Caen dans le « San Francisco Chronicle ». Ils y ont fait bonne place au serveur Edsel Ford Fung, disparu en 1984 à l’âge de 57 ans.

Sam Begler, qui mangeait chez « Sam Wo » depuis 1976, se souvient que Fung, souvent la cigarette au bec, refusait parfois des gens dont la tête ne lui revenait pas ou engueulait les clients osant s’étonner de voir arriver un plat qu’ils n’avaient pas commandé… Et même après sa disparition, le service ne s’est guère amélioré aux dires des habitués.

Parmi eux, Michael Lyons avoue qu’il regrettera le charme de cet établissement sans prétention dont la fréquentation constituait une expérience en soi. « Ca a toujours été un examen de passage », dit-il en parlant des conquêtes qu’il y emmenait dîner. « Si elles étaient capables d’apprécier le côté modeste de l’endroit, alors elles passaient le test ».

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