De plus en plus de femmes capitaines de bateaux de pêche

Femmes capitaines
Marilyn Gauvin dans une scène du film «Femmes capitaines» de Phil Comeau. Photos: courtoisie Phil Comeau
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 25/03/2022 par Sylvie Mousseau

Pas nécessaire d’être un homme pour devenir capitaine d’un bateau de pêche! Dans son nouveau documentaire, Femmes capitaines, de la maison Bellefeuille Production de Moncton, le réalisateur Phil Comeau braque les projecteurs sur des pêcheuses déterminées et confiantes qui excellent à la barre de leur bateau.

Au fil de ce documentaire, le public parcourt les quais à la rencontre de six femmes capitaines inspirantes en compagnie de Marilyn Gauvin, une jeune pêcheuse de Lamèque, au nord-est du Nouveau-Brunswick, qui aspire à prendre la barre d’un bateau de pêche.

«J’aime 100 fois mieux faire ma petite pêche que d’être enfermée dans un bureau», affirme l’une des capitaines.

Des pionnières à plus d’un égard

Si de plus en plus de femmes sont membres d’équipage, encore très peu choisissent de devenir maîtres à bord. Depuis 2003, seulement 18 femmes ont suivi le cours de capitaine à l’École des pêches de Caraquet, au Nouveau-Brunswick.

Publicité

Le film donne la parole à des capitaines de la Péninsule acadienne, dont l’une des pionnières dans son domaine, la crabière Odile Gauvin-Mallet.

Elle a connu des débuts difficiles pour faire sa place dans un monde d’hommes. Mais elle a transmis sa passion à sa fille Jolène Mallet, nouvellement capitaine d’un homardier.

La plupart de ces pêcheuses sont aussi des mères de famille.

Un équipage entièrement féminin

Le cinéaste s’est rendu à Lunenburg, en Nouvelle-Écosse, afin d’y rencontrer Gail Atkinson qui dirige le seul équipage entièrement féminin au Canada.

«Je voulais absolument filmer sur un bateau où c’était que des femmes pour voir comment l’ambiance est différente», admet Phil Comeau.

Publicité

«Et comme on voit dans le film, c’est beaucoup plus relax, plus amusant, plus agréable. Les femmes ont l’air d’avoir beaucoup de plaisir.»

Femmes capitaines
Le départ à la pêche depuis le quai de Petit-Shippagan, au Nouveau-Brunswick.

Partage de revenus

Les femmes capitaines «s’occupent aussi plus de leur équipe d’un point de vue humain», remarque le réalisateur.

Par exemple, Gail Atkinson remet un pourcentage des revenus aux membres de son équipage, ce qui est assez avant-gardiste dans l’industrie, mentionne le réalisateur.

La capitaine de Lunenburg raconte que, lorsqu’elle était jeune, ce métier n’était pas possible pour elle. Aujourd’hui, elle ne veut pas simplement gagner sa vie de la pêche, elle veut être la meilleure.

Tournage difficile

Le film nous transporte sur les bateaux de pêche où l’on voit ces femmes à l’œuvre. Elles ont toutes leur propre façon de fonctionner, note le cinéaste, ouvrant ainsi un monde de possibilités.

Publicité

Phil Comeau raconte que le tournage a été assez laborieux à cause de la pandémie, du report de l’ouverture de la pêche et d’un évènement tragique survenu en cours de production.

Le tournage de 20 jours s’est déroulé en quatre temps au printemps, à l’été et à l’automne de 2021.

Femmes capitaines
Marilyn Gauvin pêche avec son père Ernest Chiasson.

Le cinéaste et la capitaine

L’idée originale du projet est venue du producteur Jean-Claude Bellefeuille. Un premier scénario avait été écrit par Jacques Hamelin.

La rencontre de Phil Comeau avec Marilyn Gauvin a été déterminante dans la suite des choses. Il tenait à réaliser ce film avec la jeune femme, qui mène sa propre quête.

«Je pense qu’elle [Marilyn] va inspirer aussi beaucoup d’autres jeunes femmes à vouloir se lancer dans l’industrie de la pêche. Aussi celles qui rêvent de devenir capitaines vont voir que c’est possible», croit le réalisateur.

Publicité

D’ailleurs, à la suite du tournage, la jeune femme de Lamèque s’est inscrite à l’École des pêches pour suivre son cours de capitaine à l’automne prochain.

Phil Comeau, Guinness, cinéaste, documentariste, Acadie
Phil Comeau. Photo: archives La Voix acadienne

Tournage en mer

Phil Comeau a une feuille de route bien garnie. Il a déjà réalisé une centaine d’œuvres pour le cinéma et la télévision. Or, filmer en mer comporte son lot de défis, admet le réalisateur.

Il a déjà tourné plusieurs films en mer. Il a notamment traversé l’Atlantique sur un grand voilier, depuis l’Afrique du Sud jusqu’en Amérique du Nord.

Selon lui, toute l’équipe doit avoir le pied marin.

«Ce n’est pas évident parce que, le moindrement que c’est rough, il faut être solide. Il faut que la caméra soit solide. Il faut que le cameraman Mario Paulin bouge avec les vagues, si on peut dire. C’est du sport», trouve Phil Comeau.

Publicité
Femmes capitaines
Une scène du documentaire «Femmes capitaines».

Des perches et un drone

Il ajoute que, «sur les bateaux, il n’y a pas énormément d’espace. Donc il faut vraiment se faire petit pour arriver à trouver des angles intéressants.»

«On expérimente aussi avec des perches. Et évidemment avec un drone, ce qui nous permettait de voir un peu tout le tour du bateau, pas seulement l’intérieur.»

«On a beaucoup expérimenté en terme technique pour arriver à avoir des prises inusitées», raconte-t-il.

«Les femmes peuvent tout faire»

Phil Comeau espère que ce film encouragera les femmes à devenir capitaines et à essayer de nouvelles choses si elles en ont envie.

«Les femmes peuvent tout faire. Il n’y a plus de carrières d’homme et de carrières de femmes», convient-il.

Publicité

Le documentaire Femmes capitaines suscite déjà de belles réactions du public.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur