Faut-il avoir peur de l’astéroïde Bennu?

Des astéroïdes passent souvent près de la Terre.
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Publié 15/08/2016 par Isabelle Burgun

L’Agence spatiale américaine s’apprête à explorer un astéroïde géant du nom de Bennu. Pas de panique: contrairement à ce que vous avez pu lire ailleurs, ce gros caillou extraterrestre ne risque pas de détruire la Terre lors de sa prochaine visite, prévue en 2135.

Au contraire, la NASA pourrait en apprendre beaucoup sur la constitution de cet objet, mais aussi sur notre origine.

C’est vrai, l’énorme Bennu effraie avec son diamètre de près de 500 mètres. Découvert en 1999, cet astéroïde croise l’orbite terrestre – son orbite, pas la Terre — tous les six ans et voyage à la vitesse de 101 000 km/h.

Il devrait s’approcher si près de la Terre, dans près de 200 ans, qu’il pourrait bien passer entre elle et son satellite – et risque éventuellement d’être capturé par la gravité terrestre.

Déjà, les rapprochements avec la boule de feu qui a traversé le ciel de Chelyabinsk, en Oural (Russie) en février 2013, donnent des frissons. Si elle est due au croisement orbital du météore de 19 mètres Duende – cela reste un mystère, les scientifiques y voyant plutôt deux événements séparés – et comme le diamètre de Bennu s’avère 26 fois plus important que ce précédent visiteur, qu’est-ce qui nous tombera sur la tête?

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«La Terre est-elle en sécurité avec l’astéroïde Bennu?» titre le Scientific American, un peu par provocation. «L’astéroïde Bennu risque d’être le problème de la Terre du 22e siècle», ajoute même Space.

Pour nous rassurer un peu, la NASA a calculé le risque de collision: 0,037 %, soit une chance sur 2700. La probabilité que Bennu viole notre atmosphère est donc faible – ou élevée, si vous êtes pessimiste – d’autant plus que l’on ne connaît pas exactement la trajectoire de cet objet extraterrestre et que des impacts ou les radiations solaires pourraient la modifier.

Le grand voyage d’OSIRIS-REx

Connaître la future route de Bennu constituera l’un des pans de la mission OSIRIS-REx (pour Origins-Spectral Interpretation Resource Identification Security Regolith Explorer) – un acronyme qui rappelle le nom de la divinité égyptienne Osiris, connu pour être le souverain du royaume des morts, mais aussi celui par lequel l’agriculture, et donc la vie, est parvenue aux hommes.

L’objectif principal demeure le prélèvement d’un échantillon de l’astéroïde Bennu, afin d’en analyser sa composition.

Lancé au mois de septembre prochain, l’engin spatial mettra deux ans à rejoindre sa cible pour en prélever au moins 60 grammes de minéraux, avant de prendre le chemin du retour et d’atteindre la Terre cinq ans plus tard, en 2023.

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Un toucher suffira

Le 8 septembre 2016, OSIRIS-REx emportera donc avec lui de nombreux instruments, dont l’altimètre laser canadien qui cartographiera la surface de Bennu durant six mois et dressera la topographie de ce corps céleste d’exception. En échange, les chercheurs canadiens recevront et analyseront 4% des échantillons prélevés sur Bennu.

Grâce au système d’acquisition TAGSAM (Touch-and-Go Sample Acquisition Mechanism), la collecte des échantillons se fera au bout d’un bras articulé et grâce à une aspiration rapide des poussières de Bennu – ou plus exactement par propulsion de gaz nitrogène poussant les poussières de minéraux vers la chambre de collecte.

Le risque de rebondir, comme l’a fait l’atterrisseur Philae sur la comète Tchouri, reste très faible pour OSIRIS-REx et ne modifierait pas le captage des minéraux, soutiennent les chercheurs de la NASA – ils assurent qu’un toucher rapide de quelques secondes par le collecteur suffirait pour prendre les échantillons désirés.

Une quête des origines

Les anciens astéroïdes constituent des capsules temporelles pour comprendre les origines de notre système solaire, car ils conservent depuis plus de 4 milliards d’années les matériaux originels de sa constitution. La surface de Bennu, riche en carbone et en histoire, s’avère très attirante.

OSIRIS-Rex va y chercher la présence de matière organique, d’acides aminés et d’eau, sous la forme d’une sorte d’argile. Ces éléments pourraient contribuer à expliquer le démarrage de la vie sur Terre. Si les impacts d’astéroïdes ont pu mettre fin à certaines formes de vie – l’extinction des dinosaures, il y a 65 millions d’années – ils ont aussi, par leur rencontre avec la Terre, pu jouer un rôle de facilitateur pour le grand commencement.

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Pourquoi Bennu?

Parmi les 500 000 astéroïdes disponibles dans notre système solaire, Bennu est le seul à réunir trois caractéristiques incontournables:

Sa proximité avec la Terre: des objets qui orbitent à moins de 1,3 année-lumière du Soleil (on en compte 7000) et dont la trajectoire possède une excentricité et une inclinaison faibles, seuls 192 d’entre eux rencontrent ce dernier critère.

La seconde caractéristique est sa taille, car les objets de plus de 200 mètres de diamètre (il n’en existe que 26) girent moins rapidement sur eux-mêmes.

Enfin, la composition de l’astéroïde importe aussi, car les plus riches en carbone nous intéressent particulièrement, en raison de leur caractère primitif. Bennu appartient à cette rare catégorie (seulement 5) de reliques du système solaire.

Auteur

  • Isabelle Burgun

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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