Alain Bernard Marchand a été finaliste du Prix des lecteurs Radio-Canada pour son roman Le Sept cent vingt-cinquième numéro d’Apostrophes. Un roman comme il ne s’en est jamais écrit. Les 160 pages relatent la 725e entrevue réalisée fictivement pour Apostrophes (qui n’en a eu que 724 avant d’être remplacée par Bouillon de culture).
Ni le nom de l’animateur ni celui de l’invité ne sont mentionnés, mais on devine assez rapidement que l’invité est nul autre qu’Alain Bernard Marchand. Bernard Pivot aurait mieux fait de le convier à Apostrophes plutôt que de recevoir Denise Bombardier. Nombre de ses propos sont tout simplement dignes d’un Grand Dictionnaire des citations littéraires.
Le roman est écrit d’un seul élan, pas de chapitres ou de sections clairement découpées. La parole passe souvent de l’animateur à l’invité par le biais de très brèves et incisives mises en situation. En voici quelques-unes pour l’animateur: «L’animateur, comme s’il poussait l’eureka.» «L’animateur, avec un sourire de complaisance.» «L’animateur, narquois.» «L’animateur, proverbial.» «L’animateur, avec un grain de malice.»
Et pour son invité: «L’invité, comme s’il rendait un oracle.» «L’invité, à la volée.» «L’invité joueur.» «L’invité, en coup de cymbales.» «L’invité ne bronche pas.» «L’invité, primesautier.»
On sait qu’Alain Bernard Marchand est né à Shawinigan, a grandi sur les rives du lac Huron et vit à Ottawa. Son roman livre plein de détails sur son parcours littéraire. On apprend d’abord qu’il préférait un livre à une rondelle, ce qui faisait de lui «le plus dégénéré d’entre tous à l’école». On découvre ensuite qu’il a appris à parler anglais en lisant Shakespeare, avec l’aide des enseignants Mme Eaton, Mlle Schwartz et M. Querengesser.