Être. Quinze nouvelles. Quinze verbes en guise de titres. Quinze personnages «qui se débattent à leur façon avec la vie», précise l’auteur Éric Simard. Avec ce premier recueil de nouvelles, l’auteur cisèle à sa manière l’existence humaine, avec précision et minutie.
Le titre du livre est un verbe – être – et l’existence demeure au cœur de chacune des quinze nouvelles qui portent des titres comme Vivre, Rêver, Mentir, Aimer, Penser, etc. Règle générale, chaque nouvelle décrit l’existence d’une personne: Boris, un enfant; Rachel, une ado; David, un célibataire. Parfois, le personnage n’est pas nommé. L’homme en question est Il, la femme est Elle. Le résultat reste le même, affirme l’auteur: «ça me ressemble».
Qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, d’une hétérosexuelle ou d’un homosexuel, d’un jeune ou d’une adulte, les personnages créés par Éric Simard ne laisse jamais le lectorat indifférent. Pourquoi? Parce que l’auteur reste fidèle au style qui le caractérise: à la fois dérangeant, dur, tendre et émouvant, jamais désespéré ni complaisant.
Simard maîtrise bien la technique du récit bref. Le lieu d’action est circonscrit, le personnage est tricoté serré, le point de chute est presque toujours inattendu. Le comportement d’un personnage en particulier décrit on ne peut mieux la situation dans laquelle l’auteur nous plonge: «On a l’impression qu’elle mord chacune des lettres du mot pour lui donner plus d’effet. Comme une balle qu’elle aurait lancée de toutes ses forces sur un mur et qui rebondirait.» Notre intérêt rebondit sans cesse.
Le style de Simard est entraînant, lyrique au besoin, parfois saccadé. Il aime les paragraphes courts, composés d’un, deux ou trois mots. Il manie bien le style lapidaire, avec ses phrases courtes et finement ciselées: «Le mal de vivre. Omniprésent. Toujours. Le début. Là, bien présent. Palpable. Blotti. Indéracinable. Tuant.»
Tel que mentionné, chaque nouvelle à un verbe pour titre. Celle intitulée «Partager» met en scène Monsieur Porter, un homme dont la devise est «Jamais je ne me fâche, jamais je ne médis». Dans l’espace d’une journée, ce bon monsieur se retrouve dans toute une panoplie de situations où il rêve de… partager sa vie. Le résultat – vous vous en doutez bien – finit par être tout le contraire.