Être, quinze nouvelles pour comprendre

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Publié 21/04/2009 par Paul-François Sylvestre

Être. Quinze nouvelles. Quinze verbes en guise de titres. Quinze personnages «qui se débattent à leur façon avec la vie», précise l’auteur Éric Simard. Avec ce premier recueil de nouvelles, l’auteur cisèle à sa manière l’existence humaine, avec précision et minutie.

Le titre du livre est un verbe – être – et l’existence demeure au cœur de chacune des quinze nouvelles qui portent des titres comme Vivre, Rêver, Mentir, Aimer, Penser, etc. Règle générale, chaque nouvelle décrit l’existence d’une personne: Boris, un enfant; Rachel, une ado; David, un célibataire. Parfois, le personnage n’est pas nommé. L’homme en question est Il, la femme est Elle. Le résultat reste le même, affirme l’auteur: «ça me ressemble».

Qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, d’une hétérosexuelle ou d’un homosexuel, d’un jeune ou d’une adulte, les personnages créés par Éric Simard ne laisse jamais le lectorat indifférent. Pourquoi? Parce que l’auteur reste fidèle au style qui le caractérise: à la fois dérangeant, dur, tendre et émouvant, jamais désespéré ni complaisant.

Simard maîtrise bien la technique du récit bref. Le lieu d’action est circonscrit, le personnage est tricoté serré, le point de chute est presque toujours inattendu. Le comportement d’un personnage en particulier décrit on ne peut mieux la situation dans laquelle l’auteur nous plonge: «On a l’impression qu’elle mord chacune des lettres du mot pour lui donner plus d’effet. Comme une balle qu’elle aurait lancée de toutes ses forces sur un mur et qui rebondirait.» Notre intérêt rebondit sans cesse.

Le style de Simard est entraînant, lyrique au besoin, parfois saccadé. Il aime les paragraphes courts, composés d’un, deux ou trois mots. Il manie bien le style lapidaire, avec ses phrases courtes et finement ciselées: «Le mal de vivre. Omniprésent. Toujours. Le début. Là, bien présent. Palpable. Blotti. Indéracinable. Tuant.»

Tel que mentionné, chaque nouvelle à un verbe pour titre. Celle intitulée «Partager» met en scène Monsieur Porter, un homme dont la devise est «Jamais je ne me fâche, jamais je ne médis». Dans l’espace d’une journée, ce bon monsieur se retrouve dans toute une panoplie de situations où il rêve de… partager sa vie. Le résultat – vous vous en doutez bien – finit par être tout le contraire.

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Dans le cas du personnage Hervé, protagoniste de la nouvelle intitulée «Haïr», nous sommes en présence d’une situation de grande souffrance. «Hervé trace son chemin en se terrant dans un trou immense pour oublier d’où il vient.» Cet homosexuel découvre le sabotage amoureux et l’exploite au bout. La nouvelle est dédiée à Hervé Guibert, célèbre auteur gai français décédé à l’âge de 36 ans.

Comme ce recueil de nouvelles parle de l’existence en explorant toutes les pistes possibles – enfance, famille, solitude, peine, vieillissement, mort –, le lecteur ne s’ennuie jamais.

Éric Simard a toujours œuvré dans le domaine culturel. Il compte une quinzaine d’années d’expérience en librairie. Il a deux romans à son actif: Cher Émile (Septentrion) et Martel en tête (Les Intouchables). Simard est actuellement responsable des communications pour les Éditions du Septentrion, à Québec, où il codirige la collection Hamac.

Éric Simard, Être, nouvelles, Sillery, Éditions du Septentrion, collection Hamac, 2009, 162 pages, 17,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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