Espwa/Espoir au TfT: ambiance lyrique et festive à Haïti

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Publié 16/02/2016 par Harriet Vince

Peut-on parler d’Haïti sur un ton drôle, introspectif, émotif et gai sur un fond musical et festif? C’est ce que nous proposent les trois auteures et comédiennes de Espwa/Espoir, Edwige Jean-Pierre, Djennie Laguerre et Carline Zemar qui présentent leur pièce, mise en scène par Guy Mignault, du 24 février au 6 mars au Théâtre français de Toronto.

«Une femme qui n’a jamais été à Haïti, une autre qui y retourne et une qui ne l’a jamais quitté», résument les artistes rencontrées par L’Express la semaine dernière.

«Nous avons toujours voulu travailler avec Guy Mignault. C’est une chance irremplaçable, c’est un nouveau cheminement artitisque», souligne Djennie.

Il s’agit de leur première pièce où elles jouent ensemble, bien qu’Edwige et Djennie avaient déjà collaboré ensemble. «C’est écrit et joué par des femmes, donc ça donne une perspective différentes», précisent-elles avec un sourire.

Espwa/Espoir est une pièce à l’allure comique qui raconte l’histoire de trois Haïtiennes qui partagent une envie commune: ne plus s’attarder à la tristesse et la misère de Haïti comme le font très souvent les gens. Malgré leurs cheminements personnels différents, elles vont toutes les trois se retrouver au même endroit.

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Nadège (Edwige Jean-Pierre), étudiante de l’Université de Toronto, n’a encore jamais visité la terre de ses ancêtres. Céleste (Djennie Laguerre) a le mal du pays et décide de retourner à Haïti. Quant à Man Sara (Carline Zamar), elle n’a jamais quitté Haïti.

Il était important pour elles d’écrire «quelque chose de positif, de beau, sur le peuple haïtien. En effet, malgré les désastres, les gens continuent à vivre, à rire, à jouer. On veut que les gens réalisent que ce n’est pas un pays fataliste, ni misérabiliste.»

Selon elles, les Haïtiens espèrent que leurs enfants vivront dans de meilleures conditions: ils ont de l’espoir, d’où le titre de la pièce.

«On veut montrer un Haïti qu’on ne voit pas: un proverbe haïtien veut que ‘derrière les montagnes, il y a des montagnes’… Dans le contexte de notre pièce, cela signifie qu’il y a plusieurs Haïti que les gens ne voient pas, malheureusement.»

L’idée est née en 2011 et a été constamment retravaillée depuis par les trois comédiennes avec le directeur artistique du TfT.

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Espwa/Espoir constitue une réflexion sur elles-mêmes, bien qu’il ne s’agisse pas de leur histoire personnelle. «On puise en nous-mêmes, dans nos vies et nos réflexions. Le profil des protagonistes est sorti au fil des discussions. Chacune a fait le portrait de son personnage; au départ c’était des monologues. Par la suite, on s’est retrouvé pour travailler ensemble.»

Ainsi, pour Edwige, il y a une certaine ressemblance avec son personnage. «Je ne suis jamais allée dans le pays de mes ancêtres. Je suis née à Ottawa et je suis venue à Toronto il y a une dizaine d’années, et il s’agit de la première pièce que j’écris en français.»

«Mes parents voulaient que je m’assimile, donc je n’ai jamais appris le créole, on parlait français à la maison», poursuit-elle. «:Mon personnage a été créé dans la perspective d’un enfant de la première génération à laquelle j’appartiens, et il est en lien logique avec la problématique de l’acceptation de soi.»

Djennie, qui a déjà joué au TfT et écrit une pièce, nous confie avoir quitté Haïti alors qu’elle avait 4 ans. «J’ai grandi à Ottawa où j’ai été élevée dans une famille traditionnelle haïtienne, où on parlait créole. On m’a assimilé à deux cultures, j’ai accepté mon histoire. Ces dernières années, je consacre mon écriture aux questions sociales. C’est quoi la vraie aide? Je pense que c’est l’écoute, l’observation.»

Ce sont les mêmes réflexions que l’on retrouve chez Céleste (son personnage dans Espwa/Espoir), et c’est dans cette perspective qu’elle retourne à Haïti.

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Carline, quant à elle, a quitté Haïti à 23 ans pour aller faire des études de théâtre en Suisse. Elle a été élue en décembre présidente de l’ACFO-Toronto, le lobby politique des Franco-Torontois.

À travers son personnage, elle souhaite «donner une voix à ceux qui sont restés. Man Sara est nourrie de moi-même, de ma grand-mère qui n’a jamais quitté Haïti. J’ai fait de nombreuses entrevues avec des femmes qui n’ont jamais quitté Haïti afin de bâtir mon personnage. D’autre part, je pense beaucoup à la liberté, qui est à mon sens quelque chose de collectif.»

Cette pièce est jouée dans le contexte du Mois de l’histoire des Noirs en Ontario, auquel participe chaque année le TfT.

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