Des images en noir et blanc, des pans de ciel et de nature: la caméra de Michel Brault filme avec douceur les personnages, leurs regards, leurs non-dits, puis s’attarde sur les lieux, les sillages tracés sur l’eau par un bateau de pêcheurs. Son long-métrage Entre la mer et l’eau douce maintient le même rythme de croisière que ce même bateau qui emporte le héros du film vers la grande ville. Il laisse le temps au temps.
Tourné en 1967 par le réalisateur québécois, père du cinéma direct, Entre la mer et l’eau douce est une petite perle poétique, empreinte d’émotion et de tendresse, qui fait figure de plage de douceur dans un monde en technicolor souvent saturé d’images et de sons.
Avant que le cinéma ne devienne vecteur de messages démagogiques au service d’idéologies ou de partis-pris, il y avait des histoires belles et simples qui, vues et revues, 20, 30 fois, auront toujours le même effet: celui de toucher le spectateur droit au cœur.
Entre la mer et l’eau douce est de celles-là. Le long-métrage a été co-écrit par Denys Arcand, Claude Jutra, Michel Dubé et Gérard Godin.
Avec ce premier film, Michel Brault n’avait à l’époque de volonté autre que celle de filmer l’histoire d’amour, simple et épurée, entre un jeune chanteur qui souhaite rencontrer le succès et une serveuse aux yeux de biche éprise d’amour et de romantisme.