Enseignants francophones: la demande plus forte que l’offre

Carol Jolin, président de l'AEFO. André Blais, directeur de l'Éducation du CSDCCS.
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Publié 27/04/2016 par François Bergeron

La demande d’enseignants francophones en Ontario est désormais plus forte que l’offre, souligne le président de leur syndicat, Carol Jolin, dans son dernier bulletin mensuel.

C’est le résultat de l’ajout, il y a deux ans, d’un an de formation universitaire par le ministère de l’Éducation, écrit-il. L’AEFO avait alors averti qu’il y aurait des conséquences «négatives».

«Je dois avouer que faire partie d’un groupe de travailleuses et de travailleurs aussi recherchés me fait un petit velours», reconnaît-il.

«Il est certain que de ne pas avoir à attendre trop longtemps avant de se trouver un emploi permanent est un avantage. Il est préférable d’être une ‘denrée’ en demande plutôt que de peiner à trouver un emploi.»

«Mais pour le système d’éducation», dit-il, «la situation est alarmante.»

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Le directeur de l’Éducation du Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud, André Blais, confirme les propos de M. Jolin. «Les conseils scolaires francophones, qui sont en croissance, contrairement à plusieurs conseils anglophones, ont toujours eu de la difficulté à recruter», dit-il en entrevue à L’Express.

Le CSDCCS cherche, chaque année, de 45 à 60 nouveaux enseignants. Or, en 2016, il n’y a aucun nouveau diplômé puisque les étudiants sont en train de compléter leur nouvelle seconde année de formation.

De plus, selon le président de l’AEFO, de moins en moins d’étudiants francophones et anglophones choisissent l’enseignement. «En 2007, les facultés d’éducation de la province avaient reçu plus de 16 000 demandes. En 2016, toutes facultés confondues, la demande était environ de… 4 000.»

«On peut hésiter avant de débourser des frais scolaires pour deux ans» (en plus des trois ou quatre ans du bac), «alors qu’il n’y a pas si longtemps, le programme n’était que d’un an», avance-t-il en guise d’explication.

Et «puisqu’il y a moins d’étudiants, il y a forcément moins de diplômés. Le recrutement est donc en passe de devenir un réel défi pour certains conseils scolaires.»

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La situation est telle que certains conseils se verraient obligés de donner des lettres de permission à des personnes «non qualifiées», ajoute-t-il. «La concurrence sera désormais plus forte entre les conseils scolaires franco-ontariens et les programmes d’immersion en Ontario et ailleurs au Canada.»

M. Blais confirme que ce ne sont pas tous ses nouveaux enseignants qui posséderont les deux années de formation requises. Certains seront d’ailleurs des professionnels d’autres disciplines recyclés dans l’enseignement.

Les enseignants francophones proviennent souvent des universités d’Ottawa, Laurentienne et Glendon, ainsi que du Québec.

Au Conseil scolaire Viamonde, on refuse de qualifier de «difficile» le recrutement du personnel enseignant. Cependant, selon la directrice des communications Claire Francoeur, «cela requiert de notre part une attention constante, et cela, depuis des années».

Le Conseil Viamonde est lui aussi «en croissance constante depuis sa création». Son plan de recrutement prévoit chaque année la visite des campus universitaires de l’Ontario et du Québec. «Cette année, nous avons agrandi notre rayon d’action à plusieurs autres universités canadiennes qui offrent de la formation en français.»

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M. Jolin conclut sur une note positive: «Nous avons eu raison de choisir l’enseignement – le plus beau métier du monde!»

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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