En concert à la Franco-Fête de Toronto samedi: Mes Aïeux

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Publié 17/06/2008 par Yann Buxeda

Le week-end prochain, la Franco-Fête prendra ses quartiers sur Harbourfront, comme les années précédentes. En 2007, Swing avait fait vibrer les festivaliers jusqu’aux petites heures. Comme son aînée, cette édition 2008 s’annonce sous les meilleurs auspices. La venue du collectif musical Mes Aïeux, dont la performance, samedi soir à 21h30, sera à n’en pas douter le clou du spectacle. L’occasion pour L’Express de vous faire découvrir, par l’intermédiaire du virevoltant Frédéric Giroux, chanteur et multi-instrumentiste, un groupe dodécagénaire aux sonorités néotraditionnelles qui compte déjà à son actif quelques 600 spectacles.

Frédéric, Mes Aïeux est connu depuis peu du grand public mais fête néanmoins ses douze ans. La formation du groupe remonte à un petit bout de temps donc…

C’est parti en fait d’une collocation entre moi et Stéphane. On faisait partie de la ligue d’improvisation montréalaise avec Stéphane et Éric (guitariste/bassiste). Stéphane et moi cherchions un appartement au même moment. Moi je jouais de la guitare à l’époque. Je passais mon temps à plaquer des accords sur mon instrument et un jour, il s’est amusé à poser un texte sur une de mes mélodies.

C’est comme ça que tout a commencé. Très rapidement, en quelques mois, les autres membres du groupe se sont greffés à ce projet là.

En fait à l’époque, on s’était donné un défi et on avait organisé un spectacle pour le gala de fin d’année de la ligue. Et comme on avait besoin de musiciens, le groupe s’est très vite formé. Et tous les membres initiaux du collectif en font encore partie aujourd’hui.

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La majorité de vos morceaux présente un paradoxe amusant. D’un côté, on retrouve souvent une partie instrumentale enjouée sur laquelle se pose des textes généralement engagés, durs parfois…

Parfois, la musique est presque un prétexte pour faire passer un message spécifique.

De toute façon, faire de la musique, c’est aussi prendre la parole. Le propos est important pour nous. Et le fait de mettre une musique plus enjouée nous permet de parler des grands enjeux de notre époque de manière moins lourde et plus accessible.

Mes Aïeux, c’est un groupe résolument engagé?

Je pense que oui. Engagé par rapport à nos propres préoccupations. À partir du moment ou l’on prend la parole, on a une certaine responsabilité à assumer derrière.

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Toujours dans ce même esprit de légèreté, d’accessibilité, vous utilisez énormément les déguisements sur scène…

L’origine de cet accessoire est assez amusante. Au début de l’histoire du groupe, nous avions été invités à faire un spectacle pour une fête d’Halloween. À cette occasion, on a essayé de trouver des déguisements un peu originaux et on s’est mis d’accord sur des archétypes de la culture et du patrimoine québécois, comme le diable, le coureur des bois, le curé. En somme, des personnages qui habitent nos légendes.

Et puis comme nous venons tous d’une ligue d’improvisation, nous partagions tous ce plaisir de jouer des personnages à l’époque, donc on a décidé de garder ces rôles par la suite.

Depuis que vous avez acquis une notoriété «médiatique», les médias tentent de vous coller des étiquettes et de définir votre musique: néotrad, folklorique, traditionnelle… Quel qualificatif convient le plus à Mes Aïeux?

C’est pas évident. À mon sens, folk contemporain ou néotrad peuvent convenir. Mais nous n’avons pas de barrière artistique aussi figée en fait.

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Avant tout, on s’inspire de notre patrimoine francophone et de notre histoire. Et musicalement, nos inspirations sont vraiment très larges. C’est assez compliqué en fait… Allez, disons que Mes Aïeux fait de la pop d’inspiration folklorique!

Cette couverture médiatique a-t-elle fait évoluer le public qui se rend à vos concerts?

En fait, on se le demande également, puisque durant la dernière année et demi, nous avons été un peu déconnectés de notre public.

On a pris une pause pour préparer notre prochain disque, mais il est vrai que la question se pose avec le gros phénomène autour de Dégénérations notamment. On est curieux de voir ça.

À plusieurs reprises, vous avez manifesté votre soutien à la cause francophone hors-Québec. Même là, vous enchaînez deux concerts en Ontario français. Selon vous, la préservation du fait français en Amérique du Nord passe-t-elle par le maintien de ces communautés ou bien est-ce un défi qui appartient essentiellement au Québec?

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C’est vraiment complexe comme problème. Évidemment le maintien du fait francophone passe par celui des communautés minoritaires.

Maintenant, il est certain que le Québec reste le dernier bastion francophone majoritaire du continent, et il faut absolument préserver ceci. Car si le Québec est assimilé, ce sera probablement la fin de l’Amérique française. La force du Québec peut et doit renforcer les minorités du reste du Canada et du continent.

Dans quelle mesure penses-tu que Mes Aïeux peut apporter sa pierre à l’édifice de la préservation de la francophonie canadienne? Quand vous allez jouer en Ontario par exemple ou même dans le reste du Canada anglais, vous sentez-vous investis d’une certaine mission au-delà de celle de faire plaisir au public?

Il serait prétentieux de notre part de parler de mission. Mais il est sûr que le fait de chanter dans notre langue maternelle au Canada anglais a forcément quelque chose de politique ici. Cela contribue à préserver notre langue et notre patrimoine et à l’enrichir. C’est le propre de la culture en fait.

Ces dernières années, vous avez effectué plusieurs tournées internationales et rencontré différents publics, en France et en Belgique notamment. En termes de réaction, d’appréhension de vos messages, avez vous observé une différence d’un continent à l’autre?

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Non, et le fait de voir que les publics se ressemblent beaucoup a été une belle surprise. L’impact que nous avons en France actuellement ressemble beaucoup à celui que nous avons connu à nos débuts au Québec.

Nous avons l’opportunité de recommencer une belle histoire avec un public nouveau, c’est génial.

Maintenant, il se pose tout de même une contrainte inhérente à la distance qui nous sépare de l’Europe. Nous ne y pouvons assurer la même présence qu’au Québec. Malgré tout, c’est une expérience passionnante!

Outre la préparation du concert de la Franco-Fête, vous passez également énormément de temps en studios en ce moment…

Oui, en fait le 8 octobre prochain, on sortira notre nouveau disque. Nous venons de terminer l’enregistrement, et il reste maintenant à s’occuper de la postproduction.

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Et à partir du 3 novembre, nous entamerons une tournée québécoise de plusieurs mois pour venir le présenter au public. Et même si notre son restera dans le même esprit qu’avant, nous n’avons pas sorti de disque depuis plus de quatre ans. Il devrait donc y avoir quelques surprises.

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