Notre situation culturelle est de plus en plus dominée par la double hégémonie de l’anglais et du numérique. Cette uniformité des communications en anglais risque de conduire à un appauvrissement de notre expérience du monde. C’est le constat que fait Jean Grondin, professeur de philosophie de l’Université de Montréal.
«Bien sûr, cela rend possibles de nouvelles formes de communication et de création», dit-il. «Mais cela met aussi en péril plusieurs formes de communication des autres langues maternelles.»
Jean Grondin était l’un des 9 conférenciers – d’aucuns disaient l’invité «vedette» – au symposium international sur les neurosciences et les arts à l’Université de l’Ontario français (UOF) à Toronto, organisé ces 5 et 6 avril par le Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario (BRAVO).
«Notre éveil au monde s’accomplit grâce à la langue maternelle, avec des possibilités de compréhension infinies et une entente avec les autres langues par la traduction», explique Jean Grondin.
«C’est ce qui fait que le monde pluriculturel soit si riche. Si on se met à penser et à communiquer en une seule langue – l’anglais –, on perdra en richesse de discussions. Et on s’éloignerait aussi de la langue de nos émotions.»