Il y a 500 ans, en 1511 donc, paraissait un ouvrage qui, malgré son titre badin et ses propos parfois mordants, ou à cause de ceux-ci, allait connaître un grand succès et qui pourrait bien être toujours d’actualité dans notre monde moderne, si l’on veut bien se donner la peine de le lire et d’en retenir l’essentiel. Ce livre, c’est L’Éloge de la Folie.
L’auteur
L’auteur de ce texte satirique est un moine et prêtre d’origine hollandaise, né sans doute à Rotterdam en 1469, ni le lieu ni la date n’en sont connus avec certitude, et dénommé Érasme. Il ne semble pourtant pas avoir exercé d’activités religieuses et il se comporte plutôt comme un homme indépendant, qui voyage souvent et qui écrit beaucoup en latin.
Érasme dédicace son œuvre à son grand ami Thomas More, avec lequel il a beaucoup d’affinités. More (1478–1535), est un érudit, philanthrope, historien, philosophe, humaniste, théologien et homme politique anglais, auteur d’Utopie, qui a comme lui le sens de l’humour froid. Et précisément, l’idée de l’œuvre vient à Érasme en se rendant en Angleterre.
«Ces jours derniers, voyageant d’Italie en Angleterre et devant rester tout ce temps à cheval; je n’avais nulle envie de le perdre en ces banals bavardages où les Muses n’ont point de part. Voulant donc m’occuper à tout prix, et les circonstances ne se prêtant guère à du travail sérieux, j’eus l’idée de composer par jeu un éloge de la Folie.»
La Folie
«Critiquer les mœurs des hommes sans attaquer personne nominativement, est-ce vraiment mordre? N’est-ce pas plutôt instruire et conseiller? Au reste, ne fais-je pas sans cesse ma propre critique? Une satire qui n’excepte aucun genre de vie, ne s’en prend à nul homme en particulier, mais aux vices de tous. Et si quelqu’un se lève et crie qu’on l’a blessé, c’est donc qu’il se reconnaît coupable, ou tout au moins s’avoue inquiet.» C’est ainsi qu’Érasme définit son objectif.