Élections en Alberta: des défis pour les francos

La première ministre de l'Alberta, la néo-démocrate Rachel Notley, en campagne en vue du scrutin du mardi 16 avril.
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Publié 11/04/2019 par Lucas Pilleri

Après un gouvernement néodémocrate plutôt favorable à la francophonie, et alors que les cartes politiques vont être rebattues lors des élections provinciales du 16 avril, les francophones de l’Alberta espèrent conserver leurs timides avancées. Car de nombreux défis subsistent.

Nombre de francophones en Alberta ont salué les efforts du gouvernement néodémocrate (NPD) de Rachel Notley élu en 2015.

Le chef du Parti conservateur uni Jason Kenney.

Nouvelles écoles

Heather Coleman, professeure d’histoire à l’Université de l’Alberta et présidente du conseil de l’école francophone Gabrielle-Roy à Edmonton, fait partie de ses soutiens. «Le gouvernement NPD a travaillé fort pour les francophones et les francophones devraient se rendre compte de ce qu’ils ont acquis.»

L’universitaire évoque ici le nouveau curriculum provincial développé en français et l’annonce de la construction de plusieurs écoles francophones dans la province.

Rachel Notley

Politique et Plan d’action

En juin 2017, le gouvernement provincial avait annoncé sa Politique en matière de francophonie. Une avancée prometteuse, quoique modeste, que beaucoup espèrent préserver.

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«Je m’attends à ce que le gouvernement qui sera élu le 16 avril respecte la Politique, qu’il respecte les engagements prévus par la Politique et que le Plan d’action triennal dévoilé en décembre 2018 prenne priorité», énonce Suzanne de Courville Nicol, présidente fondatrice du Bureau de visibilité de Calgary et fière défenseuse de la francophonie locale.

Jason Kenney

Des avancées concrètes svp

Au-delà des effets d’annonce, à quels changements concrets aspirent les Franco-Albertains?

Le 3 avril, une quinzaine de francophones engagés se sont réunis à Saint-Paul pour discuter des enjeux qui leur tiennent à cœur. «Les gens ont donné une vision de leur intérêt», rapporte Ahmed Seif, directeur de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) locale qui accueillait la discussion.

«La question de l’éducation est la priorité. Mais il y a aussi les services offerts aux aînés, les services à la famille comme les garderies, les organisations communautaires, le tourisme, le développement économique et l’accès juridique», énumère-t-il.

Rachel Notley

L’exode des jeunes

L’autre enjeu pour les communautés rurales de l’Alberta, c’est l’exode des jeunes.

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«Les francophones en région sont bilingues et trouvent du travail rémunérateur à Edmonton ou Calgary. Il faut que les partis politiques fassent attention à ce changement démographique important en régions. Doit-on faire appel à l’immigration ou à des investissements économiques?», interroge le responsable.

bilinguisme
Le président de l’ACFA, Marc Arnal.

L’identité nationale

Marc Arnal, président de l’ACFA provinciale, l’organisme porte-parole de la communauté francophone en Alberta, se veut confiant.

«Selon le gouvernement élu, l’importance de la dualité linguistique risque d’avoir plus ou moins d’importance. J’ai bonne confiance que tous les partis, y compris les deux en tête [le Parti conservateur uni et le NPD, selon les derniers sondages], vont reconnaître que c’est une composante de l’identité nationale».

Santé et éducation

Pour le chef de file, les services de santé en français constituent la priorité, suivis de l’éducation. «Je m’attends à voir des mesures pour faciliter l’accès aux programmes d’immersion, pour réduire la pénurie des enseignants, pour assurer que les jeunes en situation d’apprentissage aient des occasions de vivre et connaître les activités culturelles issues de la francophonie albertaine», manifeste-t-il.

Enfin, Marc Arnal souhaiterait voir plus de fonctionnaires bilingues dans les bureaux du gouvernement provincial.

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Les Conservateurs aiment montrer que Rachel Notley est en bons termes avec Justin Trudeau, dont la popularité est au plus bas en Alberta.

Question de confiance

D’autres francophones, eux, sont plus perplexes. «Je pense que mon choix sera de choisir entre le meilleur du pire», s’exclame Fernand Denault, membre du Club des retraités d’Edmonton. «Ceux qui, au moins, reconnaissent notre existence. Les choix ne sont pas fameux.»

Malgré les avancées récentes, il lui semble que beaucoup de chemin reste à parcourir. «En Alberta, il faut arrêter de le cacher: on n’est pas des citoyens à parts égales», assène-t-il. «Même au ministère de la Justice, on nous nie des droits.»

Afin de montrer leur engagement, quatre candidats représentant le Parti libéral, le NPD, le Parti conservateur uni et le Parti albertain ont débattu en français à Edmonton le 5 avril. Outre le soutien public affiché, les Franco-Albertains attendent des mesures concrètes.

Auteur

  • Lucas Pilleri

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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