Effritement insidieux du poids démographique des francophones

Le cas de la non-planification à l'Université Laurentienne

La campus de l'Université Laurentienne (bilingue) à Sudbury.
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Publié 15/02/2020 par Julien Cayouette

Le professeur de philosophie Denis Hurtubise a analysé les inscriptions à l’Université Laurentienne de Sudbury, entre 2000 et 2018. Il met en garde les dirigeants et les communautés francophones contre l’effritement insidieux de leur poids démographique.

Son étude Développement institutionnel et francophonie en situation minoritaire : le cas de l’Université Laurentienne démontre que l’UL avait 20,8% de ses étudiants inscrits dans un programme offert en français en septembre 2000. En septembre 2017, le pourcentage avait diminué à 16,6%, avec un creux de 14,1% en septembre 2015.

Denis Hurtubise

Les mêmes trois facteurs auraient influencé la baisse, puis la remontée qui s’est amorcée en 2016: la création de programmes uniquement en anglais au tournant du siècle; le campus de Barrie, qui a offert des cours en anglais seulement pendant son ouverture de 2001 à 2016; et le recrutement international.

«À l’Université Laurentienne, le début du 21e siècle a été marqué par un ensemble d’évènements et de décisions institutionnelles dont l’un des principaux effets a été la croissance numérique, importante et soutenue, de sa population étudiante jusqu’à septembre 2015», écrit-il.

Source inattendue

Le chercheur avait d’abord théorisé que le campus de Barrie et les étudiants internationaux seraient les principaux facteurs responsables de la réduction du poids des francophones.

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Mais il a plutôt constaté que les programmes créés uniquement en anglais à la fin des années 1990 et au début 2000 semblaient avoir eu une plus grande influence sur les nombres, due à leur grande popularité.

En effet, la clientèle internationale ne comptait que pour 7% des inscriptions en 2017, ce qui a eu un impact minime selon lui. Tout de même, entre 2000 et 2015, 14 fois plus d’étudiants internationaux se sont inscrits en anglais à la Laurentienne, contre seulement deux fois plus en français.

Parallèlement, la fermeture du campus de Barrie et la perte de popularité des mêmes programmes expliquent la légère remontée du poids démographique des francophones au sein des étudiants depuis 2016.

Il rapporte que la création de programmes uniquement en français est aussi une des raisons de la remontée des chiffres des francophones depuis 2016.

Appliquer les conclusions aux communautés

M. Hurtubise écrit que son étude démontre «la nécessité de planifier pour que soit évité l’effritement du poids relatif, au sein de leur milieu d’appartenance, des communautés de langue officielle en situation minoritaire».

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«Le lancement de programmes offerts uniquement en anglais depuis septembre 2003 a été l’œuvre de plusieurs facultés et, au sein de celles-ci, de nombreux départements qui n’ont pas agi de manière nécessairement coordonnée.»

Il rappelle que la décision d’être bilingue — et d’avoir une désignation sous la Loi des services en français de l’Ontario comme l’UL — entraîne des responsabilités de mise en œuvre. Il donne en exemple le plan stratégique de 2015 de l’Université d’Ottawa, qui se donnait comme objectif d’avoir un tiers d’étudiants francophones, et ce, même s’ils devaient limiter le nombre d’inscriptions en anglais.

Il nomme également l’immigration comme l’une des solutions possibles à la remontée du taux d’inscription en français.

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