Effervescence bouraouiste

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Publié 05/02/2008 par Pierre Léon

L’œuvre d’Hédi Bouraoui est considérable. Une série d’ouvrages sur l’homme et l’œuvre vient de nous le rappeler. D’abord un livre de l’auteur lui-même, Puglia à bras ouverts, qui traite du problème brûlant de l’immigration. Homme de trois continents, enfance en Tunisie, éducation secondaire en France, carrière universitaire au Canada, il a déjà à son actif bon nombre de publications sur le thème.

Dans ce dernier ouvrage, il évoque la région du sud de l’Italie, les Pouilles, où il est reçu à bras ouverts, acclamé par une foule de collègues et amis.

Son héros Samy, qui lui ressemble comme un frère, est pétri de bons sentiments et d’élans humanitaires.

On retrouve là l’écriture tour à tour simple dans la description, pleine de silences dans la réflexion, écorcheuse dans les remarques acerbes sur le monde des colonialistes et des profiteurs, et débordante d’un lyrisme souvent baroque dans les éclats d’enthousiasme ou d’indignation.

Le récit de cette aventure n’est pas sans cocasserie, telle la relation de l’amour express, dans la visite d’une bibliothèque. Le livre se lit comme un reportage qui fait oublier les bons sentiments, si l’on n’est pas sentimental !

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À côté du précédent ouvrage, le livre de Claudette Broucq. Le texte d’Hédi Bouraoui. Approche par le «ça» est un essai sur l’inconscient dans l’oeuvre bouraouiste, «cette écriture atypique, baroque et parfois difficile d’accès […], toujours mue par la rigueur et l’éthique», selon l’auteure.

L’ouvrage est d’une lecture claire, qui ne devrait pas rebuter ceux qui, comme moi, sont parfois allergiques à la psychanalyse des textes littéraires.

Un ouvrage fort agréable, toujours dans le champ bouraouiste, est Témoignages, série de textes de collègues, amis, admirateurs de l’oeuvre d’Hédi. Elles sont le témoignage des nombreux aspects de l’homme et de ses activités.

Ces écrits, fort divers, eux aussi, vont du sérieux bien documenté au parfum universitaire, à ceux de franche camaraderie, où la blague et l’humour désacralisent gentiment le monstre sacré.

Un quatrième ouvrage de Jacques Cotnam, Bibliographie de l’oeuvre de Hédi Bouraoui et de sa réception critique de 1966 à 2005, présente de manière rigoureuse, toute la bibliographie d’Hédi Bouraoui, par ordre chronologique, ainsi que les résumés des critiques qui en ont été faites.

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C’est un travail de Romain, mené de main de maître par cet ancien collègue de notre écrivain. Cotnam en dresse un bilan sombre dans sa préface, montrant à quel point les écrivains qui vivent en Ontario sont ignorés de l’établissement littéraire du Québec et de la France.

Paradoxalement, le nom de Bouraoui a même été longtemps inconnu dans son pays natal, la Tunisie.

Les choses ont bien changé et il y est maintenant couronné et largement cité. Cependant Cotnam conclut que, d’une manière générale, en Ontario: «la dialectique créateur-lecteur est occultée, son espace n’est pas opératoire».

Mais ajoute-t-il: «Tout compte fait, gageons que seraient nombreux les écrivains, ici comme ailleurs, qui trouveraient à envier l’accueil que Hédi Bouraoui et son oeuvre ont d’ores et déjà reçu au Canada et à l’étranger».

Les ouvrages que je viens de citer ont été publiés par les nouvelles éditions CMC (Centre Canada Maghreb). Cette maison a été fondée courageusement par Hédi Bouraoui et dirigée par Elizabeth Sabiston, qui ne chôme pas puisque les quatre livres sont sortis en 2007. Leur site est: www.yorku.ca/printing/index.htm.

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