C’est ce mardi soir que le Canadian Stage et Soundstreams, avec l’appui du Théâtre d’Orléans (France), nous présente en grande première nord-américaine Julie, l’opéra de chambre en un acte, crée en 2005 par le grand compositeur belge Philippe Boesmans, dont les œuvres opératiques reçoivent un plébiscite unanime en Europe (France, Allemagne, Italie), où il est encore très actif et fortement en demande.
Julie est l’adaptation moderne de Mademoiselle Julie (Fröken Julie-1888) du dramaturge suédois August Strindberg (1849-1912). Depuis sa création, Mademoiselle Julie est l’une des pièces les plus jouées au monde et elle a fait l’objet d’une quinzaine d’adaptations cinématographiques, dont celle inégalée du réalisateur et scénariste suédois Alf Sjöberg avec Anita Bjork (Palme d’or au Festival de Cannes 1951), et plus récemment en 2014, celle de Liv Ullmann avec Jessica Chastain et Collin Farrel.
Cette tragédie naturaliste demeure d’actualité depuis le 19e siècle, nous dit en entrevue à L’Express, le compositeur: «Je crois que de siècles en siècles les rapports entre les gens ne changent pas… la pièce de Strinberg s’attarde sur les relations humaines, la séduction, la manipulation, les luttes de pouvoirs et les déterminismes sociaux, elle atteint une forme d’universalisme.»
«Ce qui m’a plu dans l’œuvre de Strinberg, c’est cette légèreté du ton que l’on retrouve au tout début, à la manière d’une pièce de boulevard, malgré la cruauté de la pièce qui tourne à la tragédie. Il y avait là un contraste intéressant pour un opéra de chambre avec les trois protagonistes. Le père de Julie – quatrième personnage – est là, mais absent, on ne le voit pas sur scène, mais on le sent, tout comme le passé de Julie, que j’évoque à travers la musique.»
Ce que raconte Julie
L’histoire de Julie se déroule à la fin du XIXe siècle dans la cuisine d’un château perdu au cœur de la campagne suédoise.