«Que serait le féminisme sans Simone de Beauvoir? Que serait le christianisme sans la Bible?»… Comment mieux souligner l’importance du célèbre livre Le deuxième sexe, selon l’intellectuelle canadienne d’origine galloise Maïr Verthuy?
Pour la conférencière de ce mercredi 7 mars au théâtre Spadina de l’Alliance française de Toronto, «on sait tous que cette oeuvre est importante, mais ce n’est pas pour autant qu’on l’a déjà lu»… Il en est de même pour la Bible.
Un succès qui se fait attendre
La polémique éclate dès la parution du Deuxième sexe, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque le Vatican l’inscrit à l’Index, la liste des ouvrages interdits.
«Il y avait une volonté, à ce moment-là, de restaurer la population pour remplacer les morts», explique Maïr Verthuy. Or, la femme joue un rôle important dans la société, mais souvent utilisée uniquement pour «les besoins de l’espèce».
Ce que Simone de Beauvoir, en son temps, qualifiait déjà d’esclavage: «la femme esclave de son corps». Le deuxième sexe renie par exemple «l’instinct maternel» et, à cette époque, «le livre ne touche pas beaucoup les femmes».
Ce n’est que 20 ans plus tard, rappelle Maïr Verthuy, que les mots de Simone de Beauvoir trouveront leur sens. «C’est surtout la vague de mai 1968 contre le pouvoir qui fera comprendre aux femmes qu’elles étaient là pour le confort des mâles.» L’ouvrage prend alors tout son sens dans la société française.