Dianne Bos éclaire une guerre centenaire

Une photographe de Hamilton expose au Centre culturel canadien à Paris

Dianne Bos: Tranchées, Parc commémoratif canadien de Vimy, France (2014) 72x72cm.
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Publié 24/04/2017 par Nicolas Dot

Depuis le 3 avril et jusqu’au 8 septembre prochain, le Centre culturel canadien à Paris accueille l’exposition de l’artiste ontarienne Dianne Bos, intitulée The Sleeping Green, un no man’s land cent ans après. Durant près de trois ans, cette photographe originaire de Hamilton a parcouru des champs de bataille de la Première Guerre mondiale, entre le Nord de la France et la Belgique. Elle a posé son objectif sur des paysages aux blessures profondes, peu à peu pansées par l’oubli du temps.

Un témoignage essentiel

«Au travers de cette exposition, je souhaite rendre la vie à des fantômes. Je souhaite regarder tout un paysage où des milliers de gens sont morts, mais où tout repousse, tout renaît», déclare Dianne Bos, lors d’un entretien pour L’Express. En effet, son œuvre forme avant tout un témoignage historique capital.

«La Première Guerre mondiale a changé l’histoire du Canada. Le pays est arrivé sur l’échiquier mondial, à ce moment-là», insiste Joséphine Mills, commissaire de l’exposition.

En outre, les œuvres de Dianne Bos nous interrogent sur le devoir de mémoire. Les photographies aux teintes obscures et vives, aux accents tristes et féeriques, symbolisent cet équilibre fragile entre la paix et la guerre, entre l’harmonie et le chaos.

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À l’heure où les conflits armés se multiplient dans un monde où l’incertitude dicte le quotidien, Dianne Bos éclaire une guerre centenaire, si moderne en réalité. «Un jour, je photographiais un gros cratère dans une tranchée et j’ai glissé. Je suis tombée brusquement au sol. J’étais allongée, le regard tourné vers le ciel. Je me suis alors demandé combien de personnes étaient mortes à cet endroit précis ou encore ce que ces soldats avaient vu pour la toute dernière fois… Tout le monde devrait s’interroger là-dessus», nous raconte Dianne Bos.

Dianne Bos
Dianne Bos

Des œuvres atypiques

Les œuvres de Dianne Bos exposées dans le cadre de cette exposition sont bien plus que de simples photographies dépeignant un panorama monotone et nostalgique. Grâce à l’utilisation d’appareils photo anciens et sténopés, mais aussi grâce à un travail méticuleux en chambre noire, une fascinante intemporalité se dégage des prises de vues.

«J’ai toujours voulu contrôler mon outil. Je n’ai jamais voulu qu’on m’impose certaines expositions, certaines lumières», explique Dianne Bos. En effet, les sténopés, boîtes avec une face percée par un trou de très faible diamètre, offrent une très grande profondeur de champ.

Par ailleurs, l’artiste hamiltonienne a collecté de nombreux objets sur les sites historiques, comme des pierres, des feuilles, ou même des obus. Ainsi, leurs reflets ou leurs ombres dessinent des halos fantomatiques sur les photographies.

La photographie

Bien au-delà de toute dimension historique ou artistique, le travail de Dianne Bos interroge sur l’essence même de la photographie.

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Est-ce encore le résultat d’un désir de contemplation profonde, d’un regard attentif et prolongé d’un décor, comme Dianne Bos le suggère au travers de ces œuvres? La mode des ego-portraits Snapshat ou Instagram semble jeter le trouble sur cette approche artistique.

«Je suis en réalité une photographe qui déteste la photographie, de plus en plus, jour après jour», dit-elle. «Je m’inquiète que personne ne prenne plus le temps de regarder aux choses. Aujourd’hui, les gens prennent des photos de tout, mais une fois prises, où vont ces clichés?», poursuit l’artiste.

Dianne Bos: Constellation du cratère Caterpillar, colline 60, Belgique (2014) 48x48cm.
Dianne Bos: Constellation du cratère Caterpillar, colline 60, Belgique (2014) 48x48cm.

«Accrocher des imaginaires»

«Les œuvres de Dianne Bos, dans cette exposition, peuvent être datées autant de 1917, de 2017, que de 2057. Elles sont intemporelles», insiste Catherine Bédard, directrice adjointe du Centre culturel canadien.

«L’Art donne un regard différent des discours politiques, historiques, commémoratifs. Il permet d’accrocher des imaginaires qui pourraient ne pas être très sensibles à ces questions», poursuit-elle.

En effet, cette exposition invite le spectateur à un voyage artistique singulier. Tantôt à Vimy, tantôt à Ploegstreet, on contemple des paysages troublants, profondément marqués par une guerre ravageuse. Tantôt à Beaumont-Hamel, tantôt à Passchendaele, on admire des espaces infinis, prompts à effacer tant de souvenirs.

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Après ce passage à Paris dans le cadre des commémorations du Centenaire de la bataille de Vimy, l’exposition de Dianne Bos fera notamment étape à la Galerie d’Art de Hamilton à partir de septembre 2018.

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