En juillet 2014, je vous ai parlé du jeune romancier Édouard Louis, 21 ans, qui avait publié un premier roman intitulé En finir avec Eddy Bellegueule. Deux ans plus tard, il récidive avec Histoire de la violence, un ouvrage qui semble tout aussi autobiographique que le premier et qui est qualifié par L’Express (Paris) de «témoignage personnel impressionnant d’agilité». La critique voit déjà en Édouard Louis le «Faulkner de la France d’aujourd’hui».
Avec un titre comme Histoire de la violence, attendez-vous à un roman coup-de-poing. Le sujet se résume en cette phrase: «Il a sorti un revolver et il a dit qu’il allait me tuer; il m’a insulté, frappé, violé.» C’est une histoire polyphonique racontée par Édouard, sa sœur Clara ainsi que ses amis Geoffroy et Didier.
Le soir de Noël 2012, Édouard rentre chez lui après un réveillon chez ses amis et est abordé par Reda, un séduisant immigré algérien. Il l’invite chez lui pour un verre, un échange, un corps à corps chaleureux puis violent.
Édouard échappe à la mort et son agresseur quitte tout bonnement l’appartement. Des démarches policières, médicales et judiciaires s’ensuivent, mais au lieu de réparer la violence, elles la prolongent et l’aggravent.
Pour la police, le mot maghrébin est synonyme de «racaille, voyou, délinquant». Édouard regrette presque d’avoir porté plainte, car son histoire appartient maintenant à la police. «J’étais exclu de ma propre histoire» tout en étant forcé d’en parler.