Eva et Ruda Roden sont tous deux nés à Prague, dans l’ancienne Tchécoslovaquie. D’origine juive mais sans réelle adhésion religieuse, cette adolescente et ce jeune adulte sont conduits en train à bestiaux dans le camp de concentration de Terezin le 23 décembre 1943, puis à Auschwitz-Birkenau. Ils en sortent miraculeusement à la fin de la guerre et racontent leur histoire dans Eva et Ruda: récit à deux voix de survivants de l’Holocauste.
Les trois camps d’Auschwitz avaient une capacité d’un quart de millions de détenus et de six à quatorze mille S.S. Chaque jour, ces derniers pouvaient gazer dix à vingt mille personnes. Mais «la nature humaine étant ce qu’elle est, tous espéraient contre toute espérance».
Dans les camps, tout se marchandait – pain, lard, pommes de terre, cigarettes – ou était carrément volé. Un détenu pouvait être battus ou abattu pour un rien. Eva écrit qu’elle «a imaginé la descente aux enfers avant même de lire Dante».
Infirmier, Ruda réussit à mettre la main sur des capsules de cyanure qu’il distribue à son père, à Eva et à sa mère. «L’accès à une mort rapide fut le dernier cadeau que je leur offris.»
Cette véritable leçon d’humanité et de combativité a d’abord paru en anglais (1984), puis en tchèque (2009) et en français (2010). La nouvelle édition de 2017 entrecroise les voix d’Eva et de Ruda, ce qui engendre malheureusement de nombreuses redites.
Eva et Ruda n’en demeure pas moins un récit d’une véracité bouleversante. Au-delà de l’horreur vécue, on découvre une histoire d’amour hors du commun.