Des profs de l’Université de Windsor veulent en faire un pôle francophone

Université de Windsor
L'édifice principal de l'Université de Windsor.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 08/04/2024 par François Bergeron

Un comité de huit professeurs veut développer la francophonie au sein de la communauté de l’Université de Windsor.

«Cela constituerait un atout pour notre institution», fait-on valoir dans un récent mémoire intitulé Valoriser la francophonie au sein de la communauté universitaire de Windsor.

Ce serait important «pour les membres de la communauté francophone sur le campus et dans la région de Windsor-Essex», mais aussi «pour tous les étudiants actuels et futurs qui souhaitent conserver et améliorer leurs compétences en français tout au long de leurs études postsecondaires».

Université de Windsor
Le mémoire de huit profs de l’Université de Windsor.

Accès à du financement

Le mémoire, dont la rédactrice principale est la prof de science politique Emmanuelle Richez, propose une série de recommandations «concrètes et réalisables», dont recevoir du financement gouvernemental pour le renforcement des capacités de la francophonie.

«On parle ici de financement additionnel venant de programmes fédéraux et provinciaux de langues officielles», explique à l-express.ca la prof de droit Pascale Chapdelaine, une des membres du comité. «Ce financement servirait d’abord à embaucher quelqu’un pour coordonner la mise en oeuvre des recommandations.»

Publicité

Une priorité serait aussi de recenser les profs et les étudiants francophones de la communauté universitaire, dit-elle, pour savoir à qui on s’adresse et quelles ressources humaines sont déjà disponibles.

Hisser le drapeau franco-ontarien

Le mémoire recommande aussi de:

  • Rendre la francophonie visible sur le campus.
  • Solidifier les programmes de/en français et bilingues existants et en développer de nouveaux.
  • Renforcer les capacités institutionnelles en matière de recrutement et de gouvernance.

Le comité recommande notamment que l’Université demande une désignation en vertu de la Loi sur les services en français de l’Ontario pour ses services et programmes d’études en français.

On propose aussi de:

  • Hisser en permanence un drapeau franco-ontarien sur le campus.
  • Afficher des panneaux expliquant les racines françaises de l’Université de Windsor.
  • S’assurer que la page d’accueil du site Web de l’Université comporte un lien vers des pages sur la programmation en français et sur la francophonie en général.
  • Embaucher du personnel de recrutement et des profs qui parlent français.
  • Nommer quelqu’un pour conseiller le recteur et instituer un comité responsable des affaires francophones.
Université de Windsor
Sur le campus de l’Université de Windsor.

Appui sur le campus et dans la communauté

Le comité comprend des profs d’histoire, de littératures, d’études françaises et de droit. Une quarantaine de professeurs, une trentaine d’étudiants et une vingtaine de représentants d’organisations francophones, dont les conseils scolaires Viamonde et Providence, appuient la démarche.

Publicité

«Nous en discutons sérieusement entre nous depuis un an», relate Pascale Chapdelaine. «Bien que le sujet revient depuis longtemps dans les discussions dans la communauté francophone de Windsor.»

Le président et le nouveau recteur de l’Université sont au courant et favorables à la démarche, dit-elle, et plusieurs des recommandations sont des «fruits mûrs».

L’Université de Windsor accueille environ 18 000 étudiants, provenant très majoritairement de la ville et sa région environnante. «Sauf en droit», précise Pascale Chapdelaine, «car les programmes de droit sont très contingentés, et les étudiants viennent de partout en province et même du Québec étudier le droit à Windsor.»

Le droit serait d’ailleurs un des programmes qui profiteraient – et qui ferait profiter la communauté – de l’ajout de cours en français, estime-t-elle, ainsi que les programmes de formation d’infirmières et d’enseignants.

Dynamiser la francophonie

«L’objectif à plus long terme est de donner plus de dynamisme à la francophonie sur les campus et dans la région de Windsor-Essex», lit-on encore dans le mémoire. Déjà, quelques activités culturelles francophones sont organisées sur la campus, notamment autour du 20 mars, Journée internationale de la francophonie.

Publicité

Pascale Chapdelaine révèle aussi que, dès l’automne prochain, des étudiants se verront offrir des occasions de faire du bénévolat auprès d’organismes francophones de Windsor.

La mise en oeuvre des recommandations permettrait à l’Université de Windsor de «créer un curriculum, des programmes d’étude et des opportunités d’apprentissage adaptés à la région pour tous les étudiants actuels et futurs qui souhaitent conserver et améliorer leurs compétences en français.»

L’Université de Windsor, croient les membres du comité, «a la possibilité de devenir un pôle d’attraction d’étudiants francophones et francophiles, non seulement de la région de Windsor-Essex, mais de tout le Sud de l’Ontario, de la région métropolitaine de Détroit et d’outre-mer».

Université de Windsor
La Journée des Franco-Ontariens 2023 devant l’Hôtel de Ville de Windsor. Photo: Mémoire Valoriser la francophonie au sein de la communauté universitaire de Windsor.

«Un angle mort»

«L’Université de Windsor a un angle mort en ce qui concerne ses propres étudiants, professeurs et membres du personnel francophones», expose le mémoire. Le manque de données sur la francophonie sur le campus «empêche l’Université d’avoir une programmation pertinente».

«D’autres établissements postsecondaires ont compris le besoin local de programmes en français et comblent le vide. Par exemple, l’Université d’Ottawa a récemment agrandi son campus de Windsor pour accroître la formation de ses enseignants de français.»

Publicité

C’est «l’oeuf et de la poule»: les programmes de français existants (hors des études françaises) sont limités, ce qui dissuade les étudiants souhaitant poursuivre des études en français de fréquenter l’Université de Windsor.

Université de Windsor
Le Collège de l’Assomption. Photo: Mémoire Valoriser la francophonie au sein de la communauté universitaire de Windsor.

Racines françaises

Le mémoire rappelle que la région de Windsor-Essex est un des berceaux de la francophonie ontarienne. Ses racines remontent à la colonie française au 18e siècle. «Le français est resté une langue couramment parlée jusqu’à ce qu’une loi de 1912 élimine l’école en français» (le Règlement 17).

«Aujourd’hui, une partie importante de la population du comté d’Essex est d’ascendance canadienne-française. Plus de 13 000 francophones vivent dans la ville de Windsor et ses environs. De plus, plus de 38 000 résidents connaissent le français.» On y trouve 52 écoles françaises et d’immersion française.

L’Université de Windsor elle-même est l’ancien Assumption College, qui avait remplacé en 1867 le Collège de l’Assomption dirigé par des prêtres francophones de la paroisse Notre-Dame de l’Assomption, première paroisse catholique de langue française en Ontario, fondée en 1767.

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur