Des Précieuses à Lady Gaga: théâtre étudiant de haut niveau à Étienne-Brûlé

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Publié 27/04/2010 par Annik Chalifour

La troupe de théâtre de l’école secondaire Étienne-Brûlé du Conseil scolaire de district Centre-Sud-Ouest a joué la comédie de Molière, Les Précieuses ridicules, devant plus de 3000 élèves issus de 40 écoles francophones du Grand Toronto du 19 au 23 avril.

Plus de 200 personnes du public ont également assisté aux spectacles en soirée des 23 et 24 avril.

La présentation des Précieuses ridicules marquait les 20 ans de théâtre étudiant à l’école Étienne-Brûlé, reconnu pour son succès à faire apprécier les arts dramatiques et le théâtre en français auprès des jeunes, à appuyer la relève artistique francophone ainsi qu’à rapprocher l’école de la communauté franco-torontoise.

Versace et Bad Romance

Cette année, le metteur en scène Luc Bernier, enseignant des arts dramatiques et théâtre qui monte les pièces à Étienne-Brûlé depuis plus de 15 ans, a voulu souligner de façon toute particulière le talent des jeunes comédiens.

Sa mise en scène réussie a mis l’accent sur le jeu des comédiens, l’extravagance des costumes stylés à la Versace et les airs de Sexy Chick et Bad Romance empruntés au palmarès musical d’avril 2010 de Lady Gaga, tout en conservant le texte original de l’oeuvre de Molière.

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Une grande farce où les jeunes acteurs se sont référés avec aisance au thème de la «préciosité» qu’on retrouve tant au centre de l’oeuvre traditionnelle de Molière datant de 1659 se moquant des précieuses de l’époque, que dans la vie frivole du XXIe siècle.

La préciosité est un mouvement qui a pris naissance dans les salons parisiens vers la fin des années 1650, un univers où les femmes se voulaient être vénérées suivant les principes de la courtoisie médiévale.

La préciosité visait également à contrer la vulgarité du langage et des manières. C’est la dérive de cette préciosité que Molière attaque dans sa pièce.

Mondanités d’hier à aujourd’hui

Les trois acteurs principaux: Luc Pokorn, dans le rôle du valet Mascarille, qui se prétend un homme du monde fréquentant la haute société et Katrina Da Silva et Isabelle Raghem, deux jeunes femmes arrivant en ville en quête d’amour et de jeux d’esprit, ont interprété les dires de Molière avec brio.

La diction des élèves était impeccable! Seuls quelques mots du texte intégral ont été modifiés pour associer la pièce au contexte mondain de la mode d’aujourd’hui, faisant référence aux fameux noms tels Versace, Dolce & Gabbana.

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Pour couronner le tout, Mascarille et son ami Jodelet improvisent un bal pour distraire les deux précieuses et leurs copines qui se transforme en une discothèque animée sous des airs de Lady Gaga: une recette infaillible pour plaire aux jeunes et moins jeunes de l’auditoire!

Les Précieuses ridicules est une comédie en un acte et en prose de Molière, qui a été représentée pour la première fois à Paris le 18 novembre 1659 au Théâtre du Petit-Bourbon. Elle connut dès la première représentation un grand succès qui se confirma par la suite à la ville comme à la cour.

Magdelon et Cathos, deux jeunes provinciales, arrivent à Paris. Gorgibus, père de Magdelon et oncle de Cathos, décide de les marier à deux prétendants: La Grange et Du Croisy. Magdelon et Cathos ridiculisent les deux hommes de telle façon, que ceux-ci décident de se venger de ces «précieuses».

Entre alors en scène Mascarille, qui tombe amoureux de Magdelon. Vient ensuite son ami Jodelet, dont Cathos s’amourache. On apprend que les deux jeunes hommes sont des imposteurs, soit les valets des deux premiers hommes rejetés.

La Grange et Du Croisy font retirer les atours des deux serviteurs déguisés en gentilshommes. Les précieuses tombées dans le piège, sont victimes du ridicule de leur vanité.

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Humour et sensualité

Les deux scènes où Mascarille tente de séduire les deux jeunes femmes et où l’on découvre la supercherie des deux valets que l’on fait déshabiller petit à petit, ont été particulièrement bien jouées.

Les élèves comédiens ont démontré une excellente compréhension de l’interprétation théâtrale du comique par la communication non verbale, dans un contexte sensible où se côtoient l’humour et la sensualité.

La comédie par la gestuelle exagérée des acteurs était parfaitement rendue! Recourant au burlesque, l’ensemble des jeunes comédiens a su rendre avec succès l’oeuvre de Molière qui se moque ouvertement des apparences dont on était friand au XVIIe siècle, mais toujours aussi prisées par la société d’aujourd’hui.

Les tenues excessives et le maquillage extrême des deux jeunes femmes fraîchement débarquées en ville leur voilent la réalité, tandis que Mascarille joue habilement de ses talents pour dissiper toute vigilance d’usage qu’une jeune fille se doit d’avoir…

C’était place au libertinage, le temps d’un plaisir… celui des spectateurs, témoins de la mascarade!

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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