Le numéro 145 de la revue Mœbius réunit vingt et un auteurs qui ont exploré le thème «Comme il vous plaira». Pilotée par Lucie Bélanger, cette livraison s’est élaborée «au fil des rencontres le long de chemins de traverse et de sentiers qui bifurquent».
Le thème n’est pas un carcan imposé aux auteurs, il est plutôt une force délicieusement centrifuge qui nous tire hors du chemin balisé, hors d’une zone complaisante de confort.
Mathieu Blais signe le premier texte intitulé L’axe libre du carrousel, qui est un «récit de masse et d’inertie». Si j’ai bien compris, il est question de tuer le temps, mais cela n’a rien à voir avec la paresse. «L’homicide volontaire de tout ce temps, cette préméditation, exige une attention constante.»
Dans Le fils, Jean-François Létourneau décrit comment on a procédé à une coupe à blanc pour construire une autoroute, mais le chemin des souvenirs ne s’efface pas pour autant. Un peu plus loin, «Une banquette, un soir», de Lori Saint-Martin, résume à merveille le jeu de la séduction en écrivant que «déjà s’était mis en marche un mécanisme connu de toute éternité et pourtant chaque fois nouveau».
Daniel Chouinard aborde la relation père-fille dans La visite; il traite aussi de l’orientation sexuelle puisque la fille est lesbienne. Elle souligne que le sujet de «sa différence» n’était jamais soulevé avec ses parents, que «leur silence était un peu triste, le mien un peu embarrassé». Avec le temps, cette tristesse et cet embarras se mélangent pour créer «une affectueuse résignation».