Des mots presque pareils

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Publié 24/04/2012 par Martin Francoeur

Tout a commencé avec un coup de fil de mon neveu de seize ans. Il voulait prouver à son père qu’il avait raison en disant que l’enrôlement obligatoire des citoyens canadiens pour le service militaire, en 1944, s’appelait la «circonscription».Son père avait beau lui dire que c’était la «conscription», rien n’y faisait. Quand un ado est convaincu de quelque chose…

Alors pour trancher, son père lui a suggéré d’appeler son parrain journaliste, qui écrit de surcroît une chronique sur la langue française dans un hebdomadaire de Toronto.

Je n’ai pas l’habitude de décevoir mes neveux et nièces mais ce soir-là, ma réponse venait sceller la discussion et confirmer la défaite de mon filleul face à son père. C’était bel et bien la «conscription».

C’est peut-être normal d’avoir confondu «conscription» et «circonscription» parce que les deux mots se ressemblent. On pourrait dire que ce sont des paronymes même si l’un d’eux, celui qui désigne une division électorale, comporte une syllabe de plus.

Un paronyme, nous dit l’Office québécois de la langue française, est un mot dont la prononciation et l’orthographe ressemblent à celles d’un autre mot, mais dont le sens diffère. 



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On appelle «paronymie» cette ressemblance formelle entre deux mots qui, bien souvent, est une source d’erreurs.

Dans le cas de «conscription» et «circonscription», on observe un paquet d’autres mots qui pourraient s’apparenter à des paronymes, même si la paronymie n’est pas aussi classique que celle qu’on remarque entre «colorer» et «colorier» ou «apporter» et «emporter».

En étirant la sauce un peu, on pourrait considérer dans la même «famille paronymique» que «conscription» et «circonscription» des mots comme «concision», «circoncision», «construction», «constriction», «consécration», «circonspection» et «conspiration».

Mais l’exercice tend à nous éloigner des paronymes purs, qui sont souvent des mots de la même famille.

C’est le cas de «colorer» et de «colorier», qui sont issus du nom «couleur». Mais ils ont bel et bien des sens différents.

«Colorer» signifie au sens propre: «revêtir de couleur, donner une certaine teinte à quelque chose» et, au figuré, «apporter une teinte, une note particulière à quelque chose».

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On peut donc colorer ses cheveux ou ses propos, selon que l’on prenne le verbe dans son sens propre ou dans son sens figuré. 
Mais «colorier» signifie «appliquer des couleurs sur une surface» comme un dessin, un plan, etc.

Ce verbe n’a qu’un sens propre. Et c’est exactement celui que l’on retrouve dans «un cahier à colorier», par exemple. L’action de colorier est le «coloriage», tandis que celle de colorer est la «coloration».

Les paronymes sont souvent une grande source de confusion. Qui n’a jamais hésité entre les verbes «amener» et «emmener»? Dans le cas du verbe «amener», il signifie «conduire un être animé quelque part ou auprès de quelqu’un». C’est dans ce sens qu’on le confond le plus souvent avec le verbe «emmener». 



La Banque de dépannage linguistique, disponible sur le site web de l’Office québécois de la langue française, nous dit que «le verbe amener met l’accent sur l’aboutissement, sur le lieu où l’on se dirige».

«Amener» peut aussi avoir d’autres sens: il peut signifier «diriger vers un but ou une destination», «avoir pour conséquence, occasionner» et, lorsqu’il est suivi de la préposition à, «entraîner quelqu’un à accomplir une action ou atteindre un état».


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Quant au verbe «emmener», il signifie «faire quitter un lieu à un être animé en l’entraînant avec soi», sens qu’on peut confondre avec le premier sens du verbe amener.

Le verbe emmener met l’accent sur le point de départ, sur le lieu que l’on quitte et dont on s’éloigne.

La liste des verbes que l’on peut confondre est encore longue. Parfois, ce n’est qu’une seule petite lettre qui fait la différence. On n’a qu’à penser à «avènement» et «événement», à «agréer» et «agréger», à «hiberner» et «hiverner».

Dans le cas de «conscription» et «circonscription», c’est une syllabe. Mais la confusion n’en est pas moindre. Pour mon filleul, en tout cas…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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