Des médailles pour qui, pour quoi?

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Publié 03/05/2016 par Aurélie Resch

Des cabinets de dentistes aux chambres d’enfants, les récompenses et médailles s’affichent sur les murs et les étagères, nous en mettant plein la vue des talents des uns et des autres et nous rassurant sur les compétences de chacun. Un étranger me fit pourtant un jour la remarque que ces «décorations» que les Nord-Américains affectionnent tant ne servent en fait qu’à entretenir un ego fragile.

Pour nous, les médailles servent à souligner le mérite et le talent individuel et/ou collectif sur des actions précises, des études et des réalisations.

Elles reconnaissent les contributions particulières des gens et attirent l’attention de la profession et de la société sur ces accomplissements. Elles valorisent l’excellence, le dépassement de soi et la créativité. Elles sont donc justifiées et méritées.

Pourquoi alors seraient-elles remises en cause?

Un film récompensé aux Oscars, un livre primé aux Trillium attirent le public et l’attention médiatique. Il a davantage de chance d’être vu ou lu et fait connaître son auteur.

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Une université classée recevant le prix d’excellence ou pouvant se targuer de la réussite éclatante et récompensée de ses étudiants aura davantage de pensionnaires et de subventions que celle qui reste dans l’ombre.

Les patients iront volontiers chez un praticien dont les murs sont couverts de diplômes et la mention des honneurs sur un curriculum vitae retiendra l’attention des employeurs.

Vraiment?

Mais faut-il prendre ces récompenses au sérieux quand elles se déclinent par milliers (médaille de la meilleure maman, médaille du plus fort en gueule, coupe du meilleur bénévole de tel quartier) ou qu’elles sont accordées à l’aveugle (médailles pour tous les participants au stage de foot, récompenses pour tous volontaires de telle manifestation)?

Que signifie alors la distinction, si elle se vulgarise? Encouragement? Remerciement? On s’éloigne alors de l’excellence qu’elle devrait valoriser.
Il est vrai qu’on est heureux de voir un enfant rapporter fièrement un trophée à la maison, mais on se demande comment réagir si les trente autres de sa classe ramènent exactement le même chez eux.

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De quoi êtes-vous récompensés? D’être venus à l’école? Comment te distingues-tu, toi des autres? Quels sont tes talents par rapport aux autres? Ceux sur lesquels tu pourrais t’appuyer quand tu cherches à te valoriser et à te réaliser?

Le journaliste aux articles primés sera-t-il mieux payé, ses articles seront-ils davantage pris par de nouvelles publications que celui qui continue à oeuvrer dans l’ombre?

Enfin, comment chiffre-t-on ces récompenses? Car le nerf de la guerre dans nos sociétés n’est-il pas l’argent? Le talent ne se mesure-t-il pas à ce qu’on gagne?

Il est important que la récompense marque la différence. L’excellence. Alors seulement, elle aura le rayonnement escompté personnel, social, professionnel et économique.

Les avis sont et demeureront toujours partagés sur les médailles. Il reste qu’elles sont toujours les bienvenues pour les récipiendaires, que ce soit pour flatter leur ego, les projeter au-devant de la scène ou les deux, pourvu qu’elles ne se noient pas parmi d’autres dans un flot trop abondant et improbable.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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