Des forgerons du vodou à la galerie Céline-Allard

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Publié 26/07/2011 par Annik Chalifour

Dans le cadre du Festival Kompa Zouk Ontario 2011 (FKZO), lancé mercredi 20 juillet, la galeriste et designer Émeraude Michel d’origine haïtienne, basée à Montréal, propose une exposition exclusive de sculptures sur métal, à la galerie Céline-Allard, jusqu’au 7 août. On y découvre une vingtaine d’oeuvres originales de grands artistes sculpteurs haïtiens, dont Serge Jolimeau et feu Georges Liautaud: une célébration de l’art naïf du métal.

Parallèment à l’épanouissement de la peinture naïve pratiquée en Haïti depuis le XIXe siècle et s’étant développée au long du XXe siècle, un autre mouvement artistique est né sur le terrain haïtien: une forme d’art représentée par la ferronnerie, réalisée à partir de bidons recyclés.

Les oeuvres de Jolimeau et Liautaud représentent de multiples personnages et divinités, des objets usuels et rituels appartenant à l’histoire quotidienne et mystérieuse d’Haïti, alimentée par les croyances vodou: arbres de vie, poissons, oiseaux, sirènes…

«Le langage du fer, pour parler d’Haïti autrement, dessiner de nouveaux contours à la réalité vivante», a décrit Gérard Ribot, président de l’Institut Montpelliérain d’Études françaises. «Un réalisme de haute classe, empreint d’un surnaturalisme de toute exubérance», selon le poète André Breton.

Une exposition estivale ensorcelante à la galerie Céline-Allard, qui réunit ombres et lumières, anges et démons, sujets illusoires et authentiques du profond terroir culturel d’Haïti, au gré de dessins uniques imaginés par les artistes du métal découpé.

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Jolimeau et Liautaud

À 59 ans, Serge Jolimeau appartient à la troisième génération des sculpteurs du village de Noailles; originaire de la Croix des Bouquets, l’artiste est versé dans le modelage du fer depuis l’âge de 12 ans.

Il a été formé par Serisier Louis Juste, remarquable sculpteur de la première génération: «J’ai eu la chance de connaître le grand Maître, Georges Liautaud et les Frères Louis Juste», d’affirmer le sculpteur.

Forgeron, maçon et fabricant de croix de cimetières, Georges Liautaud, mort en 1991, est à l’origine du développement de l’art du métal découpé provenant des Dwum (bidons recyclés).

Liautaud est aujourd’hui mondialement reconnu comme un artiste majeur de l’art vodou haïtien. Ses oeuvres sont d’une grande rareté sur le marché. Son premier ouvrage aurait été une sirène, et demeurera son thème favori, sous le titre de ìlasirenî.

L’art du métal découpé

Les sculptures de fer sont commercialisées en Haïti depuis les années 1950: ce sont des formes découpées dans de la tôle de récupération, passées au feu, découpées au burin, poncées et vernies ou peintes à la main.

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Voici un aperçu des principales étapes de l’art du métal découpé ou la sculpture sur métal: l’artiste trace premièrement le dessin à la craie, puis donne la pièce à découper à un ouvrier.

Une fois la plaque découpée, il faut retirer les écailles, ce qui permet d’ajourer la sculpture et faire naître les formes.

Puis vient l’étape de la finition avec la mise en place des détails, lignes, ciselures, qui donneront relief et expression à la pièce.

L’artiste donne à la sculpture sa courbure finale, son relief par le martelage. La pièce est ensuite vernie, avant la toute dernière étape du séchage.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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