Des crimes aux indices bien camouflés

Tony Parsons, Des garçons bien élevés, roman traduit de l’anglais par Pierre Brévignon, Paris, Éditions de La Martinière, 2015, 432 pages, 34.95 $.
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Publié 22/03/2016 par Paul-François Sylvestre

Le Britannique Tony Parsons quitte l’école à 16 ans, décroche des jobines, devient journaliste spécialisé dans le rock, traîne avec les Sex Pistols, enchaîne femmes et drogues, mais garde toujours sa passion pour la littérature. Son roman Man and Boy (1999) connaît un vif succès, est traduit en 39 langues et remporte le British Book Award, À 41 ans, Tony Parsons publie The Murder Bag que j’ai lu en version française: Des garçons bien élevés.

Plus de 200 000 exemplaires de ce premier roman policier ont été vendus. La critique qualifie Tony Parsons de nouveau phénomène du polar anglais. The Times parle d’«un récit trépidant et d’une intrigue puissante». The Telegraph note que l’auteur a écrit «un page-turner captivant qui réussit à respecter toutes les conventions du genre sans jamais devenir un cliché lui-même». Le très connu thrilleriste Lee Child n’hésite pas à dire que «ce roman humain et authentique est spectaculaire».

Et moi, qu’est-ce que j’en pense? Je l’ai certainement trouvé accrocheur puisque j’ai commencé à le lire un vendredi après-midi et que j’ai tourné la dernière page le lendemain soir. J’ai même lu quelques chapitres à 2 ou 3 heures du matin. Le style est direct, comme un uppercut, et le traducteur sait bien rendre l’atmosphère de vengeance terrifiante qui caractérise ce roman.

Voilà, le nœud de l’intrigue est dévoilé: vengeance. Nous sommes à Londres, en 2008, et un jeune banquier est trouvé égorgé dans son bureau. Vingt-quatre heures plus tard, un junkie subit le même sort dans une ruelle. Extrêmement méthodique, chaque exécution est signée p o r c en lettres de sang et on ne trouve pas la moindre empreinte digitale. Notez bien.

L’enquête est pilotée par Max Wolfe, père célibataire, amoureux des chiens et des expressos, boxeur à ses heures, grand défenseur des opprimés. Il découvre que les deux hommes assassinés sont diplômés de la prestigieuse école de Potter’s Field, une institution fondée par Henry VIII pour fils issus de familles riches et privilégiées. Il découvre surtout une photo de 1988, où deux des sept garçons sont maintenant égorgés. La presse n’hésite pas à parler d’un meurtrier en série quand une troisième tentative d’égorgement survient.

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Max Wolfe y voit plutôt l’acte le plus délibéré du monde, un acte qui viole toutes les règles. «Le meurtre, c’est autre chose.» Ici, on est face d’une situation totalement différente.

Tandis que ces collègues cherchent à répondre aux quatre questions de la mort – Cause? Outil? Nature? Heure? – Wolfe fouille le passé des sept élèves de Potter’s Field. Il s’intéresse à une jeune fille disparue, et ce, même après qu’on ait épinglé le prétendu meurtrier Bob le Boucher, «une sorte de Robin des Bois psychotique».

Si cette recherche d’une jeune fille me semblait une fausse piste, c’est que j’avais oublié les premières pages du roman, un prologue qui décrit le viol et la mort d’une jeune fille… Les diplômés meurent-ils parce qu’ils sont des fils de familles privilégiées ou à cause de leur passé? C’est la question que se pose Max Wolfe, un vrai «loup» de l’enquête policière.

Tony Parsons étoffe son roman de personnages très colorés. La femme du banquier est une accro au sexe, un des sept garçons est un artiste qui se suicide deux fois (!), un autre est capitaine d’une unité militaire envoyée en Afghanistan, un troisième est un réputé député. Et il y a la mignonne Scout, fille de 5 ans de Max et son chien Stan, un cavalier king-charles.

Parfois, il arrive qu’un personnage très secondaire fournisse un précieux indice à l’enquêteur Max Wolfe. C’est le cas d’un policier qui tente de sauver une collègue d’un incendie et qui se fait sévèrement brûler les mains. Une fois en congé, il achète un billet pour Las Vegas, mais on lui refuse l’entrée aux États-Unis, car il n’a pas… d’empreintes digitales.

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Je m’arrête ici, car si j’en dis davantage je risque de dévoiler le dénouement de cette intrigue magistralement bien orchestrée. Qu’il me soit néanmoins permis de dire que vous ne devinerez pas le véritable coupable avant d’avoir lu au moins 350 pages.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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