Des Canadiens noirs célébrés en tableau périodique

Amber Labelle et l’ancienne présidente du conseil d’administration de Parents pour la diversité, Meghan Wills, avec le tableau périodique original de l’histoire des Noirs au Canada à l’école publique de Vimy Ridge à Ottawa, en Ontario. Amber Labelle tient dans ses mains un exemplaire en anglais des Grands rêveurs, le cahier d’activités pour enfants sur l’histoire des Noirs au Canada volume 1, écrit par la Montréalaise Akilah Newton. Photo : courtoisie Amber Labelle
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Publié 08/02/2021 par Inès Lombardo

À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs 2021, le collectif ontarien Parents pour la diversité (P4D) a publié en version numérique un tableau périodique de l’histoire des Noirs canadiens.

Une manière de rappeler qu’ils ont contribué à la construction de la société canadienne au fil des siècles, et de mettre en lumière la lutte contre le racisme, un enjeu encore réel en 2021.

L’outil, créé en février 2020 par Amber Labelle, membre du conseil d’administration de P4D, présente 118 Canadiens et Canadiennes noirs qui se sont illustrés ou s’illustrent dans des secteurs aussi divers que le sport, la littérature, la politique, l’entrepreneuriat, le militantisme, l’activisme ou la musique.

Quand on clique sur un «élément», on obtient la biographie d’une personnalité.

Code de couleurs

Chacun des 12 secteurs est mis en valeur dans le tableau par une couleur bien distincte. Il suffit de passer le curseur sur les cases violettes, jaunes ou bleues pour qu’un petit texte apparaisse et nous en apprenne un peu plus sur le bout de chemin parcouru par chacun de ces Canadiens.

Pensé d’abord sous forme papier pour être affiché dans les écoles, l’outil a pris sa forme numérique cette année, fruit d’une collaboration entre Parents pour la diversité et Joey Ozamiz, un enseignant à l’Immaculata High School, sa sœur Isabela Ozamiz, développeuse de logiciels et Nicholas Simard, qui a aidé à construire le site.

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nouveau billet de dix dollars
Wanda Robson, 91 ans, admire le nouveau billet de 10 dollars canadiens à l’effigie de sa soeur Viola Desmond, qui figure dans le tableau périodique de l’histoire des Noirs au Canada.

Quatre figures francophones

Le tableau comprend uniquement quatre francophones, sur 118 personnalités.

Mante Molepo

«Il y a quelques jours, après la publication du tableau, quelqu’un m’a demandé pourquoi il y avait si peu de francophones», relate Mante Molepo, codirectrice de P4D. «Vu que nous avons vraiment essayé d’être très divers dans la représentation des religions, des sexualités, des métiers et des langues, c’était compliqué d’avoir un chiffre fixe pour tous ces critères en même temps.»

La codirectrice du collectif souligne la présence de Michaëlle Jean, qui a été la 27e gouverneure générale du Canada et a également siégé en tant que secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) de 2015 à 2019.

Le nom d’un autre francophone apparaît non loin de celui de Michaëlle Jean, dans la catégorie «Poètes»: celui de Dany Laferrière. Ce dernier est romancier, essayiste, poète et journaliste. Récipiendaire du Prix Médicis, il est le premier Haïtien, Canadien et Québécois à être élu à l’Académie française. Il est aussi l’un des plus grands chroniqueurs traitant de l’expérience des immigrants.

Michaëlle Jean, lors de son mandat de Secrétaire générale de l’OIF, fait un discours d’introduction de la cérémonie du Prix Martine Anstett, en 2016. Photo : Frantz Vaillant, Wikimedia Commons

Athlète, écrivain, politiciennes

La troisième francophone du tableau est Yolande James, la première femme noire à avoir fait partie du Conseil des ministres du gouvernement du Québec et la plus jeune députée de l’Assemblée nationale lors de son élection en 2004, au sein du gouvernement de Jean Charest. Membre du Parti libéral du Québec, elle a représenté la circonscription multiculturelle de Nelligan sur l’île de Montréal de 2004 à 2014.

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L’actuelle cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, n’a pas été incluse dans le tableau.

Niveau sport, on retrouve l’athlète québécois Bruny Surin qui a été membre de l’équipe canadienne d’athlétisme aux Jeux olympiques de 1988 à 2000. En 1990, aux Jeux du Commonwealth, il termine 3e à l’épreuve du 100 m. Bruny Surin est aussi sacré champion des Jeux de la Francophonie de 1994, puis devient champion canadien quatre ans plus tard en réalisant le temps le plus rapide de sa carrière au 100 m : 9,89 secondes.

L’ex-athlète olympique Bruny Surin était l’invité d’honneur du gala du Mois de l’histoire 2020 du Centre francophone du Grand Toronto.

Des Noirs dans tous les secteurs

Amber Labelle précise son intention de départ: «À l’origine, je voulais que le tableau représente le tableau périodique réel des éléments, ce qui signifiait sélectionner le bon nombre de personnes pour chaque groupe. L’inclusion dans le tableau n’est donc pas uniquement en fonction du mérite de l’individu.»

Mante Molepo rappelle de son côté que le but du tableau est de faire connaître l’histoire bâtie par les Canadiens noirs dans tous les secteurs.

«Nous avons vraiment essayé de représenter le plus de domaines de la société et de métiers possible pour que les Canadiens prennent conscience qu’un Canadien noir n’est pas seulement un ou une athlète de renom, mais aussi un ou une politique, artiste, chef d’entreprise, bref, qu’il ou elle œuvre dans des domaines extrêmement différents.»

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Le poète québécois Dany Laferrière au Salon du livre de Montréal, en 2018. Photo : ActuaLitté, Wikimedia Commons

Présence LGBTQ

La cofondatrice du collectif Parents pour la diversité précise aussi que «l’intersectionnalité» a fait partie des critères pour faire apparaître cette diversité au sein de la communauté noire canadienne.

«Dans la communauté noire, il y a une homophobie et une transphobie très fortes, assure-t-elle. C’était donc essentiel que la communauté LGBTQ ait aussi sa place dans le tableau.»

À cet effet s’y trouvent notamment Afua (Ava Pamela) Cooper, éducatrice, historienne, performeuse et poétesse, et Rinaldo Walcott, directeur de l’Institut d’études sur les femmes et le genre et professeur agrégé à l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario.

Yolande James a été la première femme noire députée et la plus jeune, ainsi que la première ministre noire d’un gouvernement québécois.

Un exercice délicat

Mante Molepo souligne aussi la tentative de faire transparaître des personnes de différentes religions. «C’est vraiment un exercice délicat», précise-t-elle.

«Il y a beaucoup plus d’individus dont les contributions et les histoires méritent d’être célébrées, en plus de ceux que j’ai inclus dans le tableau, concède Amber Labelle. Nous avons discuté de la mise à jour du tableau chaque année pour apporter de nouvelles voix et de nouvelles histoires.»

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