Lourd comme un passé trouble chargé de souvenirs, le mystérieux Caché du cinéaste Michael Haneke se démarque par son atmosphère tendue qui enveloppe chaque scène du film d’un suspense énigmatique. Tel un mauvais rêve laissé en cours, le film viendra hanter le spectateur, même longtemps après sa projection.
Ce thriller psychologique chargé politiquement est mené d’une main de maître par le cinéaste autrichien, auteur du célèbre Pianiste. Cinq années plus tôt, Code inconnu du même Haneke, venait déjà donner le ton avec ses séquences superposant la réalité d’un couple bourgeois, à celle, moins glorieuse, de familles roumaines et slovaques tentant de se reconstruire dans des contrées ravagées par la guerre et par la pauvreté.
Caché, qui, faute d’avoir obtenu la Palme d’or au dernier festival de Cannes, s’est tout de même mérité le Prix de la mise en scène, rappelle curieusement Code inconnu, ne serait-ce que dans son portrait d’une fracture sociale entre bourgeois en puissance et laissés-pour-compte.
Cependant, cette fois-ci, les vérités capturées sur pellicule sont filmées de façon moins déconcertante, plus clinique, oppressante, et donc, plus aboutie, parce que finalement, plus proche de nos vies.
Le malaise s’installe au fur et à mesure chez le spectateur pour ne plus le quitter. Tout commence par une scène bénigne: une rue en apparence paisible située dans l’un des beaux quartiers de Paris. Des passants pressés de se rendre au travail la traversent au hasard. En arrière-plan, une petite villa entourée de verdure se perd à moitié parmi les autres immeubles.