De l’argent à un lobby politique pour lutter contre la désinformation sur la CoViD-19, vraiment?

Au Nouveau-Brunswick

Ali Chaisson, DG de la SANB, et le logo du site de vérifications de faits ExactNB. Photo: Acadie Nouvelle
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Publié 24/04/2020 par Pascal Raiche-Nogue

La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) va lutter contre la «désinformation» avec l’obtention d’une nouvelle subvention de 434 725 $ de Patrimoine canadien. Sa nouvelle cible – à la fois brûlante d’actualité et en dehors de son champ d’expertise – est la CoViD-19.

Il y a deux semaines, Patrimoine canadien a annoncé des investissements de 3 millions $ pour «prévenir l’information trompeuse sur la CoViD-19 et à maintenir la cohésion sociale partout au pays».

Huit organismes régionaux et nationaux ont reçu de l’argent. La SANB est du nombre, aux côtés entre autres de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec et de l’Institut pour la citoyenneté canadienne.

La SANB créera un «portail de vérification des faits sur la CoViD-19». Il s’agit d’un projet intrigant à première vue, puisque la vulgarisation scientifique et l’épidémiologie ne sont pas du tout dans les cordes de la SANB.

Portail multilingue

Au cours des derniers jours, le quotidien Acadie Nouvelle a cherché à mieux comprendre à quoi serviront les centaines de milliers de dollars versés à la SANB.

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La porte-parole de Patrimoine canadien, Amy Mills, a répondu que les fonds serviront à la création d’un «portail bilingue, voire multilingue» en intégrant des langues autochtones.

Elle a ajouté que ce portail permettra entre autres aux citoyens de «découvrir des sources d’information sur la CoViD-19 sûres, officielles et vérifiées» et de «trouver des outils pratiques afin qu’ils puissent distinguer les faits des rumeurs et des fausses nouvelles».

Sous-contrats

La SANB a pour sa part confirmé qu’un tel portail est en développement. Le directeur général Ali Chaisson a expliqué qu’une partie des 434 725$ servira à payer la programmation du portail. Ce travail sera effectué par WebSolutions.ca, une entreprise de Bathurst qui a déjà collaboré avec la SANB par le passé.

«Il y a aussi la traduction, la gestion de projet, la gestion des partenariats, chercher la nouvelle. Il y a des spécialistes qui vont nous aider à faire des vérifications des faits», a-t-il précisé.

Le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault

Des gens qu’on connaît

Qui sont ces spécialistes qui seront payés pour vérifier les faits sur la CoViD-19 au cours des prochains mois? M. Chaisson n’a pas voulu nous le dire, mais assure qu’il s’agira de gens «expérimentés qui ont les pedigrees appropriés».

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«Ce sont des gens de nos communautés, des gens qu’on connaît. Des anciens journalistes, des anciens de nos organisations communautaires qui amènent avec eux un bagage de connaissances. Puis il y a des gens expérimentés, qui ont travaillé par exemple aux Nations Unies, aux États-Unis ou à l’Organisation mondiale de la santé.»

Patrimoine canadien a lancé un appel de propositions le 13 mars. La SANB y a répondu et obtenu une réponse favorable le 31 mars, selon Ali Chaisson. Le projet est en voie d’être réalisé et devrait être lancé officiellement au cours des prochains jours.

Pourquoi la SANB?

La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick est une habituée des dossiers liés à la langue. Éducation, immigration, santé, droits linguistiques: voilà ce sur quoi portent la plupart de ses interventions.

On peut donc se demander, compte-tenu de ce champ d’expertise, si c’est vraiment à la SANB de vérifier les faits sur la CoViD-19? Est-ce vraiment dans son mandat de se lancer là-dedans?

Pas la première fois

Lorsque l’on pose la question à son directeur général, Ali Chaisson, il répond qu’il ne s’agit pas de la première fois que son organisme s’aventure dans la vérification des faits et la lutte à la désinformation.

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La SANB est effectivement l’instigatrice de la plateforme ExactNB, lancée plus tôt cette année, et dans laquelle on annonce l’ajout prochain de contenu sur la CoViD-19.

Ce projet numérique a lui aussi été réalisé grâce à une subvention Patrimoine canadien et programmé par l’entreprise WebSolutions.ca. Il vise à départager le vrai du faux en matière de bilinguisme.

«Nous avons développé un outil spécifiquement pour la question de la langue. Et on voit une manière d’appliquer cet outil-là à d’autres fins», affirme Ali Chaisson.

Une page du site ExactNB.

Un besoin en Atlantique?

Dans un des articles offerts sur le site, on indique que «les fausses nouvelles se répandent sur les médias sociaux lorsque les leaders d’opinon sont amplifiés et que les dissidents sont réduits au silence».

Selon lui, le portail sur la CoViD-19 répondra à un besoin dans la région. C’est que dans les provinces de l’Atlantique, les informations de sources étatiques ne sont pas aussi nombreuses en français qu’en anglais. Sous-entendu: les informations de sources étatiques sont les plus fiables…

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«Si déjà on peut viser à créer un site qui propage la bonne information en langue française, je pense que ça, c’est certainement à l’intérieur du mandat de la SANB. Cela fera en sorte que les francophones reçoivent de la bonne information, vérifiée de manière authentique», dit-il.

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