À l’approche de la date butoir pour l’adoption du projet de loi C-45 par le Sénat, le 7 juin, deux comités sénatoriaux recommandent la prohibition de la culture du cannabis à domicile, suivant les demandes du Québec et du Manitoba. Mais le premier ministre Justin Trudeau insiste sur le droit de cultiver jusqu’à quatre plantes chez soi.
La recherche lui donnerait raison, estime la criminologue Line Beauchesne de l’Université d’Ottawa. La professeure discrédite le discours de certains sénateurs, qu’elle juge fondé sur la peur. «Ça vient de conservateurs qui sont à la base contre la consommation du cannabis, tranche-t-elle. C’est certain qu’ils vont sortir toutes les peurs».
Le 28 mai, le Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et des technologies a adopté un amendement visant à permettre aux provinces d’interdire toute culture du cannabis à domicile. Il est arrivé à la même conclusion que le Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles, le 1e mai dernier. Le Québec et le Manitoba ont déposé des projets de loi prohibitifs.
Line Beauchesne ne revient pas de ce qu’elle entend de la classe politique. «Contrairement à certains discours, il n’y a pas d’appartement qui a explosé, sinon parce que les gens faisaient des serres industrielles chez eux. Mais entre quatre plantes de cannabis et quatre plantes de bégonias, il n’y a pas beaucoup de différence. Les problèmes d’humidité, c’est la même chose».
Entre quatre plants de cannabis et de bégonias
La spécialiste en matière de drogues et de prévention soutient que la limite de quatre plants suffit pour réduire l’activité pénale. L’interdiction de toute culture à domicile criminaliserait des citoyens qui ont déjà une pratique artisanale et qui attendent que la loi soit modifiée pour assurer leur tranquillité.