Correspondances

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Publié 26/05/2009 par Martin Francoeur

Vous êtes quelques-uns à me faire part de vos commentaires, de vos remarques, de vos questions voire de vos colles. Vous me rappelez même parfois à l’ordre quant à l’utilisation de certains mots, quant à certains écarts de langage que je commets parfois. J’adore recevoir vos messages, quels qu’ils soient. La plupart du temps, je me fais un devoir d’y répondre personnellement. Par courriel ou via le site internet de L’Express.

Mais il m’arrive souvent de penser que vos questions ou vos commentaires mériteraient qu’on les partage dans ces pages. Voici donc, en vrac, quelques considérations dont vous, lecteurs, êtes la source d’inspiration.

Se prélasser

Charles Metz me faisait remarquer, récemment, que j’employais le verbe «se prélasser» pour parler de quelqu’un qui fait du ski. Je donnais comme exemple, pour justifier l’emploi de «skis» au pluriel, qu’on pouvait «se prélasser en skis». M. Metz m’explique que le Robert donne deux définitions du verbe «se prélasser». Dans un premier temps, ce verbe, lorsque employé pronominalement, signifie «Prendre un air important (comme un prélat), une attitude, une démarche nonchalante et satisfaite.»

On pourrait donc se prélasser en skis. Mais notre perspicace lecteur me fait aussi remarquer, avec justesse d’ailleurs, qu’il n’a jamais vu un skieur prendre une attitude nonchalante, «qui risquerait de s’avérer dangereuse dans la descente d’une côte». Il ajoute: «Je ne vois pas les skieurs avec un petit air satisfait sur le visage… sauf peut-être à l’arrivée, lorsqu’ils ont réussi à descendre la côte sans anicroche. » Je partage tout à fait cet avis.

M. Metz ajoute qu’un deuxième sens du verbe «se prélasser» peut se traduire par «se reposer, s’abandonner, nonchalamment, paresseusement», comme lorsqu’on dit «se prélasser dans un hamac, dans un fauteuil.» En skis, ça devient moins évident. Peut-être aurait-on pu employer le verbe «se délasser», qui signifie «se reposer en se distrayant». Mais encore là, l’idée de distraction vient gêner l’emploi lorsqu’on l’associe à d’habiles skieurs!

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Inconfortable

Dans le même message, M. Metz me mentionne un autre exemple discutable que j’ai employé dans le même texte sur les prépositions et les moyens de transport. Je disais: «Il semblait inconfortable sur sa bicyclette». L’emploi de l’adjectif «inconfortable» n’est pas approprié, puisqu’il devient, dans cette construction de phrase, un calque de l’anglais.

«Inconfortable» signifie «qui n’est pas confortable» comme dans «une maison inconfortable», ou encore «qui donne un sentiment de gêne», comme dans «être dans une situation inconfortable». En fait, pour résumer, ce n’est pas l’individu qui peut être inconfortable, mais bien la bicyclette. Bravo, M. Metz!  Deux en deux! Je m’en repens…

Ottavien, Ottavienne

Dans un autre message électronique, Monique Côté me demandait quel était le gentilé des habitants d’Ottawa. Il me semble avoir déjà signé, il y a quelques années, une chronique qui abordait la question. À ce moment, l’emploi d’ «Ottavien, Ottavienne» commençait à se répandre. Aujourd’hui, on le retrouve fréquemment dans les médias de la capitale. Sur Wikipedia, on confirme que le gentilé d’Ottawa est bel et bien «Ottavien, Ottavienne». Et dans plusieurs documents municipaux trouvés sur le site web de la Ville d’Ottawa, on retrouve aussi ces termes.

Commentaires généreux sur «cheap»

Claude Latrémouille et Jean-Charles Berger ont tous deux commenté la chronique intitulée Des trous dans la langue, dans laquelle je faisais état des lacunes que présente parfois la langue française, si riche soit-elle.

J’avançais, références à l’appui, qu’il n’y avait pas de mot unique pour traduire efficacement le terme anglais «cheap».

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M. Latrémouille mentionne, avec raison, qu’il convient d’abord de s’intéresser aux différents sens qu’on veut donner à l’adjectif anglais «cheap». Et il propose des termes ou des expressions qui peuvent assez bien le traduire en français: radin, pacotille, bon marché et quelques autres, selon le sens. Merci pour vos commentaires, monsieur.

Quant à M. Berger, dont la longue missive est inspirée et inspirante, il est d’avis que l’emploi fréquent de «cheap» dans la langue française courante ne justifie pas qu’on le francise. Citant Boileau, en disant que «ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement, et les mots pour le dire vous viennent aisément», M. Berger propose lui aussi plusieurs termes français qui peuvent convenir pour le remplacer. Et il donne d’autres exemples de belles réussites de termes bien traduits.

Son opinion se retrouve d’ailleurs sur le site web de L’Express, dans les archives des chroniques «En bon français». Elle se trouve en commentaire à la suite de ma chronique du 7 avril.

Scrabble

Enfin, Louis Durand me demande, à la suite de ma chronique sur les mots de deux lettres employés fréquemment au Scrabble, la signification du mot «ewe» qu’il a déjà vu en jouant à ce jeu mais qu’il n’arrive pas à retrouver dans les dictionnaires usuels.

Le mot se trouve en fait dans l’Officiel du Scrabble et il désigne une langue parlée au Togo et au Ghana. On peut l’écrire «éwé», mais au Scrabble, une telle nuance ne change rien…

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Voilà. Je m’arrête ici. Merci pour vos remarques toujours très appréciées. Pour vos bons commentaires, aussi. Sachez que j’aime bien quand vous prenez de votre temps pour m’écrire, me rappeler à l’ordre, me questionner, me féliciter ou me remercier. Quel que soit leur objet, vos messages constituent, hors de tout doute, ma plus belle récompense.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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