Coronavirus aérodynamique: dans le nuage de goutelettes des coureurs

Une animation informatique qui part une rumeur

oureur-gouttelettes
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 17/04/2020 par Agence Science-Presse

Ces derniers jours, une référence à une «étude» sur les coureurs et les cyclistes qui émettraient un taux dangereux de gouttelettes contaminées au coronavirus, accompagnée d’une inquiétante animation informatique, a causé beaucoup d’inquiétude.

Or, il n’y a aucune étude. Et l’animation n’a jamais été validée, que ce soit en épidémiologie, en médecine ou en biologie.

Un athlète qui cite un ingénieur

Le 8 avril, l’auteur russe Jurgen Thoelen, qui se présente comme un entrepreneur et un athlète, a publié sur la plateforme de blogues Médium un texte d’opinion qui est devenu viral en quelques heures.

«Selon une étude belge et néerlandaise», titrait-il, vous ne devriez pas, en notre époque de distanciation physique, vous tenir à moins de 5 mètres derrière un coureur ou un cycliste, en raison du «nuage» de gouttelettes que celui-ci émettrait dans son sillage. S’il s’agit d’un cycliste à l’entraînement, la distance sécuritaire serait même de 20 mètres!

 

Or, aucune étude n’était mentionnée dans le texte. Sa source, a reconnu Thoelen, était un article lu dans un média belge ce matin-là, qui citait le chercheur néerlandais Bert Blocken, de l’Université de technologie d’Eindhoven. Avec ses trois collègues belges et néerlandais, Blocken est l’auteur de l’animation informatique en question.

Publicité

Aucune étude n’était mentionnée non plus dans l’article du média belge. Quant à Blocken, il n’est ni microbiologiste ni épidémiologiste, mais expert en aérodynamisme.

Débat justifié?

Devant l’afflux de courriels et de demandes d’entrevues par des journalistes de partout, Blocken et ses trois collègues ont rapidement admis que leur animation informatique était uniquement destinée à simuler un phénomène physique — l’aérodynamisme et les gouttelettes — mais ne pouvait en aucun cas prétendre être une démonstration de la transmissibilité de l’actuel coronavirus ou de quoi que ce soit d’autre.

Le 10 avril, ces chercheurs publiaient sur leur site un «pré-papier» — c’est-à-dire un rapport de recherche qui n’a pas été révisé — où ils décrivaient leur simulation informatique, justifiant son utilité dans le contexte du débat sur la distanciation sociale, tout en prenant soin de souligner qu’il faudrait avant tout tester la validité de la simulation elle-même.

Un tel type d’animation informatique a en effet son utilité dans les sciences du sport ou en aérodynamisme, par exemple pour tester la résistance d’un coureur au vent. En revanche, son efficacité en microbiologie reste à prouver.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur