Jusqu’au bout de la nuit. Dans la veine du célèbre roman de Céline, Continental, un film sans fusil nous plonge dans l’isolation et la solitude de quatre québécois ordinaires. Stéphane Lafleur, le réalisateur, nous renvoie sans concessions l’image de notre propre quotidien, à travers un film superbe de sobriété.
Si Continental est bien un film sans fusil, il va droit au cœur, comme une balle. S’y brosse progressivement le sombre tableau d’une société de la solitude, à travers les tranches de vie ordinaires de quatre Québécois qui se démènent pour exister, et qui finalement se recoupent dans leur lente déchéance.
«Mais qu’est-ce tu veux qu’il nous arrive, on ne fait jamais rien.» Nouvel assureur, Louis reçoit cette réponse cinglante de vérité de la part d’un de ses premiers clients, en pleine face, comme un miroir de sa propre existence. Comme lui, les personnages de cette comédie noire souffrent en silence du gouffre d’ennui qui remplit leur vie, monotone, lourde de vide et de solitude.
Dès la première scène on pénètre dans cette atmosphère de nuit, par l’entremise d’un bus abandonné qui transporte un homme endormi, à l’orée d’une forêt obscure et mystérieusement attirante. Sa femme Lucette sera la seule à attendre anxieusement son retour, évitant qu’il ne tombe déjà dans l’oubli, comme un mince espoir, en fait un simple contretemps. «On disparaît pas comme ça, quand même», lâche-t-elle impuissante à l’agent de police lui expliquant qu’aucune enquête ne sera effectuée.
En contrepoint, Chantal, interprétée par la touchante Fanny Malette, est une jeune et souriante réceptionniste qui cherche quelqu’un pour partager sa vie, ou pour tout du moins discuter un peu, de tout et surtout de rien.