Attentif en maternelle, débrouillard au jardin d’enfants, taquin en première année, Gilbert était déjà un animateur en deuxième année. Rendu en cinquième année, ce garçon mince et élancé organisait des jeux d’habileté en deux temps trois mouvements, racontait des histoires abracadabrantes qui tenaient en haleine tous ses amis et proposait toujours sa blague du jour pour dérider toute la classe.
Il faut dire que son père, un grand barbu qui écrivait pour L’Express et qui enseignait l’histoire dans une école secondaire, lui fournissait régulièrement quelques pistes susceptibles de taquiner sa fantaisie.
Au début de décembre, Gilbert était arrivé à l’école Adhémar-Papineau en affichant un air plus radieux que d’habitude. Il avait été le premier à lever la main pour demander la parole, surtout pour claironner devant toute la classe qu’il connaissait le prénom du Père Noël.
Sachant que son écolier le plus dégourdi pouvait en faire voir de toutes les couleurs juste en ouvrant la bouche, l’institutrice Marie-Claude Séguin s’était volontiers prêtée au jeu en fronçant légèrement les sourcils.
– Et comment s’appelle l’auguste personnage, mon cher Gilbert?