La sortie du film Indigènes, de Rachid Bouchareb, avait rouvert une page douloureuse de l’histoire coloniale de France avec une certaine brutalité. Un titre tel que Congorama pouvait laisser entendre que la Belgique s’apprétait à connaître le même rappel historico-cinématographique. Pourtant, si ce n’est son titre, le dernier-né de Philippe Falardeau évite avec brio le thème du Congo belge, et le réalisateur québécois accouche au final d’une touchante fable moderne.
Michel, 42 ans, est un inventeur belge erratique à la créativité plus que contestable. Si son talent pour moderniser des équipements déjà développés est reconnu de son employeur, le financement de son laboratoire de recherche ne tient qu’à un fil. Sa vie professionnelle en ballottage, sa vie privée n’est pas pour autant un havre de paix. Alors qu’il pensait qu’il était le fils d’un écrivain renommé, son père lui apprend qu’il a été adopté après sa naissance clandestine dans un grange à Sainte-Cécile, au Québec.
Michel, bouleversé, décide de partir à la recherche de son identité au Québec. Une fois sur place, et après quelques déconvenues, il se rend compte de la difficulté de la tâche. Sur le point d’abandonner, il fait la rencontre d’un -homme, Louis, qui conduit une étrange voiture électronique hybride. Sur la route de Montréal, un accident changera le destin de Michel et de son chauffeur, ainsi que le visage de toute l’industrie automobile.
C’est lors de la présentation de son premier long métrage La moitié gauche du frigo au Festival du film de Namur que Philippe Falardeau a eu l’idée de Congorama. Au contact de réalisateurs belges, il a découvert un sentiment identitaire proche de celui des Québécois à l’égard de leurs cousins français. Une base commune solide qui lui a permis d’ériger ce pont entre les deux continents, entre deux francophonies intimement liées à la France.
Si les fondations sont solides, la construction l’est également. Articulé avec le plus grand soin, le scénario brille par sa simplicité et son efficacité. L’explication consécutive de deux histoires parallèles contribue à l’imprégnation du spectateur dans l’histoire. Le choix des acteurs est aussi irréprochable et, si l’on peut reprocher au jeune fils de Michel un manque de spontanéité dans son jeu, les autres acteurs secondaires se fondent dans le décor à la perfection.